La rapporteure spéciale de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires a estimé jeudi que des procès publics devraient se tenir en Arabie saoudite pour juger les suspects accusés du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi afin que le processus judiciaire soit crédible.

«Contrairement aux assertions de l'Arabie saoudite, il ne s'agit pas de sujets relevant des (affaires) intérieures», a déclaré Agnes Callamard dans un communiqué.

L'Arabie saoudite «se trompe lourdement si elle croit que ces procédures, telles qu'elles se déroulent actuellement, vont satisfaire la communauté internationale», a-t-elle ajouté.

Le meurtre de Jamal Khashoggi, collaborateur du Washington Post, tué le 2 octobre au consulat saoudien d'Istanbul, a profondément terni l'image de l'Arabie saoudite, et en particulier celle du prince héritier Mohammed ben Salmane.

Après avoir affirmé ignorer le sort de l'éditorialiste, Riyad a imputé le meurtre à des éléments «incontrôlés».

Le procès de 11 suspects s'est ouvert début janvier en Arabie saoudite et le procureur général a requis la peine de mort contre cinq d'entre eux. Mais le gouvernement saoudien a rejeté les appels à une enquête internationale indépendante en affirmant que son système judiciaire était tout à fait capable de traduire les coupables en justice.

En février, Mme Callamard avait assuré détenir des «preuves» montrant que le «meurtre» de Jamal Khashoggi avait été «planifié et perpétré par des représentants de l'État d'Arabie saoudite».

Son rapport final doit être présenté en juin devant le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU à Genève. Dans le rapport, elle présentera une série de recommandations, qui ne sont toutefois pas contraignantes pour les États.

Jeudi, Mme Callamard a formulé une série de recommandations pour rendre plus crédible le processus judiciaire en cours en Arabie saoudite.

Elle recommande de rendre publics les noms des accusés, les chefs d'accusation, le déroulement du procès et les preuves présentées lors des audiences.

Elle demande également que des observateurs internationaux soient autorisés à assister au procès, ainsi qu'une totale transparence concernant les tentatives de retrouver les restes de Khashoggi.

«Les droits de la victime et de sa famille sont en jeu, de même que le sont les droits des autres États conformément aux traités et lois internationales», a-t-elle souligné.

Des responsables saoudiens ont auparavant affirmé qu'ils percevaient comme une insulte les appels à une supervision internationale de l'affaire Khashoggi.

Le 7 mars, 36 pays membres du Conseil des droits de l'homme ont publié à Genève une déclaration commune condamnant le royaume saoudien et exigeant une enquête «efficace, indépendante, impartiale et transparente» sur la disparition de Jamal Khashoggi.

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Agnes Callamard