Un réseau de femmes afghanes a exhorté mardi les hauts responsables politiques de leur pays à veiller à ce que leurs libertés durement acquises ne soient pas bafouées au cours des pourparlers de paix avec les talibans.

Dans un communiqué diffusé avant une réunion mardi et mercredi à Moscou entre talibans et membres de l'opposition au président Ashraf Ghani, l'Afghan Women Network, qui compte 3500 inscrites et 125 organisations membres, a affirmé qu'il n'accepterait pas une paix au détriment de la liberté des femmes et a exhorté les délégués à défendre les droits de la moitié des 35 millions d'habitants de l'Afghanistan.

« Ces 17 dernières années, les femmes afghanes ont, durement, obtenu des progrès. On ne veut pas les perdre. S'ils [les talibans] reviennent et imposent des restrictions aux [droits des] femmes, nous ne l'accepterons pas », a déclaré à l'AFP Mashal Roshan, une coordinatrice de l'Afghan Women Network.

« C'est notre droit d'aller à l'école et de travailler et tout le monde devrait respecter ça », a-t-elle ajouté.

Sous le régime des talibans en Afghanistan (1996-2001), l'école était interdite aux filles, les femmes ne pouvaient pas avoir un emploi et leur liberté de mouvement était excessivement limitée.

Selon les talibans, sont à l'ordre du jour de la réunion dans la capitale russe « la fin de l'occupation, une paix durable et l'établissement d'un système de gouvernance islamique intra-afghan ».

Aucun représentant du gouvernement afghan - que les talibans considèrent comme une marionnette des Américains - n'a été invité à Moscou ni aux récents pourparlers américano-talibans fin janvier à Doha, fâchant les autorités de Kaboul.

Les femmes afghanes, également largement exclues des négociations, craignent de voir leurs droits érodés si les négociateurs cherchent à conclure une trêve hâtive avec les talibans.

« Il n'est pas nécessaire de réinterpréter la vie des femmes afghanes. En vertu de leur interprétation brutale de la charia, les talibans ont confiné les femmes chez elles, ne les autorisant à sortir que sous escorte masculine et cachées sous une burqa », poursuit le communiqué.

Les talibans, par l'intermédiaire de leur porte-parole Zabihullah Mujahid, ont récemment assuré à l'AFP qu'ils « ne s'oppos[ai]ent pas » à l'éducation des filles et au travail des femmes.

« Nous essaierons de fournir un environnement sûr pour l'éducation et le travail des femmes. [...] Tout ce qui est permis dans la charia sera permis », avait alors ajouté M. Mujahid, soulignant que la mixité « n'est pas autorisée dans la charia ».