(Kaboul) Les talibans se sont dits prêts à reprendre les négociations de paix avec les États-Unis, dix jours après que le président Trump les eut déclarées « mortes » et au lendemain de deux attentats sanglants en Afghanistan qu’ils ont revendiqués.

« Les portes sont ouvertes pour des négociations », a déclaré leur négociateur en chef, Sher Mohammad Abbas Stanikzai, dans un entretien accordé à la BBC. « Nous espérons que l’autre partie repensera sa décision concernant les négociations », a-t-il ajouté.

Le 7 septembre, Donald Trump avait, à la surprise générale, mis fin aux discussions engagées depuis un an avec les talibans, qui semblaient pourtant sur le point d’aboutir à un accord historique après dix-huit ans de conflit en Afghanistan.

Le président des États-Unis avait justifié cette volte-face spectaculaire par la mort d’un soldat américain et de onze autres personnes dans un attentat taliban deux jours avant à Kaboul.

Son administration s’était montrée moins catégorique, le secrétaire d’État Mike Pompeo n’excluant pas la reprise des négociations, à condition que les rebelles « changent d’attitude ». Mais Mr Trump avait récidivé en jugeant que ces pourparlers étaient « terminés pour de bon ».  

Mardi, les talibans ont revendiqué deux attentats-suicides, l’un dans la capitale afghane, près d’un centre de recrutement de l’armée, l’autre à proximité d’une réunion électorale du président Ashraf Ghani, à 60 km de Kaboul.

Leur bilan cumulé, 48 morts et 80 blessés, est le plus sanglant depuis la fin des discussions.

Questionné sur cette violence par la BBC, M. Stanikzai a répondu que « les deux parties » devaient y mettre fin, alors que les forces de l’OTAN et afghanes mènent chaque jour « des dizaines de bombardements ».

« Une fois que l’accord sera signé par les deux parties, alors le cessez-le-feu entrera en activité », a-t-il commenté.

De nombreux observateurs s’attendent à un regain de violence des talibans durant la campagne électorale pour l’élection présidentielle du 28 septembre prochain.

Les insurgés, qui n’accordent aucune légitimité aux autorités afghanes, avaient appelé début août à boycotter le scrutin et à éviter les rassemblements « qui pourraient devenir des cibles potentielles ».

« Nous avions déjà prévenu les gens de ne pas participer aux réunions électorales, et s’ils y subissent des pertes c’est sous leur responsabilité », ont-ils justifié mardi dans un communiqué.

« Nous avions deux façons d’en finir avec l’occupation de l’Afghanistan, celle du djihad et des combats, et celle des pourparlers et des négociations », avait déclaré leur porte-parole Zabihullah Mujahid il y a une semaine. « Si Trump veut arrêter les discussions, nous emprunterons le premier chemin et ils le regretteront bientôt. »