(Beyrouth) L’armée syrienne a repris lundi ses opérations militaires contre la région d’Idleb, dominée par les djihadistes, quatre jours après une trêve dans cette région du nord-ouest meurtrie par trois mois de bombardements, a indiqué une ONG.

Avant la reprise des raids, les médias d’État syriens ont fait état de la chute d’obus tirés par des «groupes terroristes» dans les environs de la base aérienne russe de Hmeimim dans la province de Lattaquié, voisine d’Idleb, «qui ont provoqué d’importantes pertes humaines».  

«Les groupes terroristes soutenus par la Turquie ont refusé de respecter le cessez-le feu et mené plusieurs attaques contre les civils […] L’armée va reprendre ses opérations militaires […] et répliquer aux agressions» du camp adverse, a annoncé l’armée dans un communiqué relayé par les médias d’État.

«À 15h30, les groupes terroristes ont visé la base aérienne de Hmeimim, provoquant d’importantes pertes humaines et matérielles», a indiqué l’agence officielle Sana, citant une source militaire.

Quelques minutes après l’annonce faite par l’armée syrienne, «l’aviation syrienne a mené des raids sur la ville de Khan Cheikhoun dans le sud de la province d’Idleb», a précisé l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

AFP

La ville de Khan Sheikhun après des bombardements, vendredi.

Jeudi soir, le régime syrien de Bachar al-Assad avait proclamé une trêve dans la région d’Idleb, dominée par le groupe djihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS), une ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, et abritant quelques groupes rebelles.  

Damas avait toutefois conditionné le respect du cessez-le-feu à l’application d’un accord conclu en septembre 2018 entre la Russie et la Turquie pour créer une «zone démilitarisée» dans la région d’Idleb, vide de toute présence djihadiste.

Le chef du groupe HTS, Abou Mohamad al-Joulani, avait dit samedi refuser tout retrait d’une future zone tampon dans la région d’Idleb.

Depuis l’entrée en vigueur vendredi du cessez-le-feu, les frappes aériennes s’étaient totalement estompées. Mais des tirs croisés et sporadiques d’obus se sont poursuivis, tuant deux civils, dont un dans les zones contrôlées des forces du régime et l’autre dans les zones tenues par les rebelles et djihadistes.  

Dimanche, les États-Unis avaient prudemment salué le cessez-le-feu, insistant sur la nécessité que les «attaques contre les civils» prennent fin.

Les bombardements des forces du régime, épaulées par l’aviation russe sur la province d’Idleb et des zones des provinces d’Alep, de Hama et de Lattaquié, ont causé la mort de plus de 790 civils depuis fin avril, selon l’OSDH.

Plus de 400 000 personnes ont été déplacées, d’après l’ONU, et des dizaines d’hôpitaux et d’écoles ont été endommagées.

Déclenchée en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, la guerre en Syrie a fait plus de 370 000 morts et déplacé des millions de personnes.