Les États-Unis ont fait une exception mardi à une des mesures les plus controversées de Donald Trump, son décret migratoire qui interdit d'entrée les ressortissants de plusieurs pays à majorité musulmane, afin de permettre à une Yéménite de rendre visite à son fils mourant en Californie.

Abdullah Hassan, âgé de deux ans et citoyen américain par son père, souffre d'une maladie génétique rare en phase terminale. Il a été placé sous respiration artificielle dans un hôpital d'Oakland.

Les demandes de visa de sa mère, Shaima Swileh, n'avaient jusqu'ici pas abouti à cause du décret migratoire signé par le président américain, qui interdit aux ressortissants de six pays dont le Yémen, pour la plupart à majorité musulmane, d'entrer aux États-Unis.

Les médias se sont emparés de cette affaire et après une supplique du père de l'enfant devant les caméras, l'ambassade des États-Unis au Caire a fini par accorder un visa à Shaima Swileh, a annoncé le Conseil des relations américano-islamiques (CAIR), qui a aidé la famille dans ses démarches.

La mère du petit Abdullah est désormais attendue mercredi soir vers 19h30 à San Francisco.

«C'est le jour le plus heureux de ma vie», a déclaré Ali Hassan, le père du petit garçon et époux de Shaima Swileh, cité dans un communiqué de cette association.  

«La semaine dernière, j'étais sur le point de débrancher son assistance respiratoire, et le CAIR est intervenu pour apporter son aide. Je ne sais comment les remercier, ainsi que tous ceux qui ont répondu à l'appel pour aider notre famille», a-t-il ajouté, assurant que cela lui permettra de «faire son deuil dans la dignité».

«Inhumain et anti-américain»

Selon l'élue démocrate d'Oakland Barbara Lee, cette affaire illustre le caractère «inhumain et anti-américain» du décret migratoire.

«En tant que membre du Congrès, et en tant que mère, je suis sidérée par la cruauté d'empêcher une mère de retrouver son fils malade», avait-elle écrit sur Twitter lundi soir. Mardi, elle a dit son «soulagement» après ce dénouement, tout en déplorant que tant de familles soient toujours «déchirées par cet odieux décret migratoire».

Le département d'État américain, au nom du caractère confidentiel de chaque cas individuel, n'a pas souhaité confirmer officiellement l'exception faite pour la mère d'Abdullah.

«C'est un cas très triste, nos pensées vont à sa famille en ces moments éprouvants», a toutefois déclaré mardi un porte-parole de la diplomatie américaine, Robert Palladino.

Selon lui, «ces questions sont compliquées» mais l'administration peut octroyer des dérogations «au cas par cas», s'il est possible de «respecter la loi, assurer l'intégrité et la sécurité de nos frontières» tout en «facilitant les venues légitimes aux États-Unis».

L'association de défense des droits civiques ACLU estime à seulement 2% le nombre de demandes de dérogations qui aboutissent.

Le décret avait provoqué une onde de choc mondiale en étant mis en vigueur par la Maison-Blanche le 27 janvier 2017, une semaine après l'entrée en fonctions de Donald Trump. Considéré par ses opposants comme une mesure «anti-musulmans», le texte a fait l'objet d'une longue bataille judiciaire.  

En janvier, la Cour suprême a validé une version du décret qui ferme les frontières américaines à environ 150 millions de ressortissants du Yémen, de Syrie, de Libye, d'Iran, de Somalie et de Corée du Nord.

La plus haute juridiction des États-Unis a estimé que le président républicain avait usé de façon légitime de ses prérogatives en matière d'immigration.