« Nous promettons que sa lumière ne pâlira jamais » : dans un hommage poignant publié par le Washington Post, les filles du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, assassiné début octobre dans le consulat de son pays à Istanbul, s'engagent à maintenir vivant l'héritage de leur père.

Jamal Khashoggi, journaliste critique du prince héritier saoudien et exilé aux États-Unis, collaborait régulièrement avec le Washington Post. Son meurtre a provoqué une onde de choc mondiale et a considérablement terni l'image de l'Arabie saoudite.

« Il ne s'agit pas d'un éloge funèbre, car cela confèrerait un sentiment de fin », écrivent Noha Khashoggi et Razan Jamal Khashoggi dans un texte publié en ligne par le quotidien vendredi soir. « C'est plutôt la promesse que sa lumière ne pâlira jamais, que son héritage sera préservé parmi nous. »

Après avoir dans un premier temps nié la disparition de Khashoggi, Riyad a fini par reconnaître sous la pression internationale qu'il avait été tué dans l'enceinte de sa représentation lors d'une opération « non autorisée ». Une version contestée par la plupart des observateurs, qui estiment que le puissant prince héritier Mohammed ben Salmane ne pouvait pas ne pas être au courant.

« Jamal Khashoggi était un homme complexe, mais pour nous, ses filles, il était simplement "papa" », écrivent-elles, se remémorant ses nombreux voyages, dont il rapportait « des cadeaux et des histoires fascinantes ».

« Nous savions depuis très jeunes [...] qu'il était un homme important dont les mots avaient un effet sur les gens à une grande distance », expliquent-elles. Pour lui, « écrire n'était pas seulement un métier ; c'était une obsession. C'était ancré au coeur de son identité, et cela le gardait en vie. »

« Dorénavant, ses mots maintiennent son esprit avec nous, et nous sommes reconnaissantes de cela », affirment-elles.

Jamal Khashoggi « n'était pas un dissident », assurent encore Noha et Razan Jamal Khashoggi, et même s'il avait refait sa vie aux États-Unis, « il n'a jamais abandonné l'espoir pour son pays ». « Si être un écrivain était enraciné dans son identité, être saoudien faisait partie de la même racine. »