Un attentat-suicide à l'intérieur de la mosquée d'une base de l'armée afghane dans l'est du pays a fait au moins neuf morts vendredi, jour de grande prière, a-t-on appris auprès de responsables.

Quelque 22 personnes ont également été blessées, a déclaré un porte-parole militaire, Abdullah, qui comme souvent en Afghanistan, ne porte qu'un seul nom.  

« Le kamikaze s'est fait exploser dans la mosquée au moment où la prière commençait », a déclaré à l'AFP le gouverneur de la province de Khost, Hukum Khan Habibi, qui pour sa part fait état de 12 morts et 33 blessés.

« Nous ne savons pas comment il a réussi à entrer dans la mosquée », a-t-il ajouté, précisant que « toutes les victimes sont du personnel militaire ».

Selon un soldat présent au moment de l'explosion, interrogé à l'hôpital de Khost, « il y avait plusieurs centaines de personnes dans la mosquée ».

« Je n'ai pas vu le kamikaze. Après l'explosion, je me souviens que ma main et ma jambe saignaient, mais je ne sais pas comment j'ai été transporté jusqu'ici », a déclaré ce soldat nommé Mufti.

Quatre hélicoptères militaires ont été envoyés sur la zone pour transporter certains blessés à Kaboul, a indiqué le porte-parole du ministère de la Défense, Ghafoor Ahmad Jawed.

Le président Ashraf Ghani a condamné cette « attaque terroriste » menée par « les ennemis de l'Afghanistan », la qualifiant d'« anti-islamique, inhumaine ».

Pertes record

L'attentat n'a pas été revendiqué mais les attaques contre les mosquées ont le plus souvent été endossées par le groupe État islamique (EI).

Il survient trois jours après un autre attentat-suicide, également non revendiqué, perpétré mardi à Kaboul lors d'un rassemblement religieux célébrant la naissance du prophète Mahomet. Au moins 55 personnes avaient alors été tuées et 94 blessées.

Les talibans, par la voix de leur porte-parole Zabihullah Mujahid, avaient immédiatement « fermement condamné cette attaque ».

Mais le vice-président Afghan, Abdullah Abdullah, lors d'un entretien mercredi avec l'AFP, avait estimé que « les talibans sont responsables d'avoir créé l'environnement actuel », qu'ils « clament leur responsabilité ou la nient ». « Ils sont responsables de la violence », avait-il insisté.

Cette attaque menée contre des militaires survient alors que les forces de sécurité afghanes font face à des pertes record.

Depuis le début de l'année 2015, quand les forces afghanes ont pris le relais des troupes de combat de l'OTAN dirigées par les États-Unis, près de 30 000 soldats et policiers afghans ont été tués, a révélé ce mois-ci le président Ashraf Ghani.

Un chiffre qui équivaut à 20 morts par jour, beaucoup plus élevé que tout ce qui avait été reconnu jusqu'ici.

Englué dans cette spirale de violence, le pays espère néanmoins que des pourparlers de paix entre gouvernement et talibans arrivent à voir le jour.

Les talibans ont affirmé s'être entretenus la semaine dernière avec des responsables américains pour mettre fin au conflit afghan, soulignant cependant qu'aucun accord n'avait été trouvé sur « aucune question ».

L'envoyé américain pour la paix en Afghanistan, Zalmay Khalilzad, a dit pour sa part espérer un accord de paix dans les cinq mois.

Ce souhait d'une échéance courte souligne un sentiment d'urgence croissant à la Maison-Blanche et parmi les diplomates américains qui souhaitent qu'un accord soit rapidement conclu.