Un avis de recherche et une fatwa ont été lancés à l'encontre d'un prétendu mollah afghan qui profitait de la faiblesse de femmes venues se confier à lui pour les violer, des vidéos de ses crimes diffusées sur les réseaux sociaux ayant fait scandale.

Les premières vidéos, tournées en cachette par le « Mollah Rasool » sont apparues sur les réseaux sociaux afghans il y a trois semaines. L'une d'elles a été vue à plus de 20 000 reprises.

Il n'a pas été établi comment elles se sont retrouvées sur l'espace public.

Originaire du village de Chinar, dans la province de Faryab (nord-ouest), l'homme avait filmé ses ébats dans le but de faire du chantage à ses victimes ou d'en abuser à nouveau, a estimé le porte-parole du gouverneur provincial, Jawed Bidar.

« Ce n'est pas un véritable mollah. C'est plus un sorcier, un guérisseur, un escroc qui s'attaque à des femmes innocentes et illettrées dans des villages reculés », a-t-il souligné.

Il est courant en Afghanistan que des femmes viennent se confier au mollah local pour s'épancher sur des problèmes de couple ou de fertilité. Dans un Afghanistan polygame, si un couple ne parvient pas à avoir d'enfants, l'homme se tourne alors vers d'autres femmes.

Le Mollah Rasool est poursuivi pour « abus sexuel et viol », a indiqué mardi le porte-parole de la police provinciale, Karim Yourish. « Les services de renseignements et les forces de sécurité sont à sa recherche ».

Sur les nombreuses vidéos publiées sur Facebook, on voit la même scène se répéter : le Mollah Rasool déclenche l'enregistrement, arrange un coussin sur le sol et invite une femme à entrer. Veillant à ce que personne ne puisse le surprendre, l'homme enturbanné fait s'allonger une femme coiffée d'un foulard ou d'une burqa et lui enlève son pantalon avant d'engager une relation sexuelle.

Une forte récompense a été promise à toute personne donnant des informations permettant son arrestation. Le gouverneur de Faryab, Naqibullah Faiq, s'est ainsi engagé à offrir un véhicule lui appartenant d'une valeur de 10 000 dollars.

Le Conseil des Ulémas de Faryab a lancé une fatwa (avis religieux) à son encontre réclamant sa lapidation.

« C'est un sorcier qui a déshonoré les femmes de Faryab », a dit à l'AFP le vice-représentant du Conseil des Ulémas de Faryab, Mawlawi Ghulam Nabi Ghafori. « Si les autorités l'arrêtent et le punissent nous acceptons, si des gens le retrouvent, il sera lapidé ».

Conséquences tragiques

L'histoire pourrait avoir des conséquences tragiques pour les femmes filmées à visage découvert, qui pourraient être répudiées, voir assassinées par leurs maris ou leurs familles. « Nous prédisons qu'il y aura des crimes d'honneur », affirme le porte-parole Jawed Bidar.

« Nous sommes très inquiets sur le sort de ces femmes qui pourraient être assassinées », a déclaré à l'AFP Sharifa Azimi, directrice provinciale du ministère consacré aux femmes.

« Nous avons contacté le Conseil des Ulémas pour leur dire que ces femmes sont des victimes et qu'elles doivent être présentées comme telles lors des prêches », a-t-elle dit.

Selon elle, le corps d'une femme a été retrouvé dans un fossé près du village du Mollah Rasool mais son identité n'a pu être établie.

« Nous n'avons pas reçu de rapport officiel sur des femmes mortes en lien avec cette histoire, mais nous avons eu écho d'une femme qui aurait été tuée dans la même région », a confirmé Hamidullah Azimi, directeur provincial de la Commission des droits humains, réclamant que « cet homme soit jugé ».