Six employés afghans de la Croix-Rouge qui distribuaient de l'aide dans le nord enneigé de l'Afghanistan ont été tués, a annoncé mercredi l'organisation internationale, les autorités afghanes accusant le groupe État islamique.

Deux autres employés du Comité international de la Croix-rouge (CICR) qui les accompagnaient dans la province instable de Jowzjan sont portés disparus.

Le convoi du CICR, formé de trois chauffeurs et cinq employés locaux, a été attaqué alors qu'il transportait de l'aide vers une zone reculée frappée ces derniers jours par de fortes chutes de neige.

«C'est un acte méprisable», a déclaré Monica Zanarelli, chef de la délégation du CICR en Afghanistan. «Rien ne peut justifier l'assassinat de nos collègues et de nos amis chers».

L'attaque, dans laquelle les talibans ont indiqué ne pas être impliqués, n'a pas été revendiquée dans l'immédiat. Mais le chef de la police de Jowzjan, Rahmatullah Turkistani, a affirmé à l'AFP que des membres du groupe djihadiste État islamique (EI), implanté essentiellement en Irak et en Syrie, avaient tué les membres du CICR.

«Les combattants de Daech sont actifs dans cette région», a-t-il assuré, utilisant l'acronyme arabe du groupe. «Nous les avons à plusieurs reprises avertis de ne pas se rendre dans des régions aussi dangereuses sous le contrôle de Daech».

Il a indiqué que les corps des six employés du CICR avaient été transportés à l'hôpital.

Plusieurs corps portaient des traces de balles et certaines des victimes avaient été abattues à bout portant de plusieurs balles à la tête et à la poitrine, a indiqué à l'AFP le directeur de l'hôpital, Fraidoon Habib.

«C'est une énorme tragédie et nous sommes extrêmement choqués», a estimé le président du CICR Peter Maurer, cité dans un communiqué. «Nous condamnons avec la plus grande fermeté cet acte qui semble avoir été commis délibérément contre nos collaborateurs».

«Nos collègues ne faisaient rien d'autre que leur travail, s'efforçant de manière totalement désintéressée d'apporter leur aide et leur soutien à la communauté locale», a ajouté M. Maurer. «Nos pensées vont aux familles et aux proches de nos collègues qui ont été tués et de ceux dont nous sommes sans nouvelles».

«À ce stade, il est trop tôt pour dire quel impact cet événement dramatique aura sur nos opérations en Afghanistan», selon Monica Zanarelli.

«Pour l'heure, nous souhaitons nous retrouver au sein de l'équipe et nous soutenir les uns les autres face à cet acte incompréhensible», a-t-elle ajouté. «Notre priorité est aussi de chercher à savoir ce qu'il est advenu de nos deux collègues encore portés disparus».

Ces meurtres interviennent quelques semaines après la libération d'un employé espagnol du CICR, enlevé le 19 décembre pendant qu'il se déplaçait avec une équipe de l'organisation caritative entre Mazar-e-Sharif et la province voisine de Kunduz, fief taliban.

Il avait été relâché mi-janvier, mais ni le CICR ni les responsables locaux n'ont précisé comment il avait été libéré ni qui était soupçonné d'être responsable de l'enlèvement.

Les travailleurs humanitaires sont de plus en plus victimes du regain de violences dans le pays ces dernières années.

En avril 2015, les corps criblés de balles de cinq employés afghans de l'ONG Save the Children avaient été retrouvés après leur enlèvement dans la province d'Uruzgan, dans le sud du pays. En juin 2015, neuf employés locaux d'une ONG tchèque, People in Need (PIN), avaient été tués dans une attaque nocturne dans la province de Balkh (nord).

«Le personnel humanitaire est neutre et impartial et doit être protégé, non pas pris pour cible», a déclaré Ana Locsin, directrice pour l'Afghanistan de Save the Children, en condamnant les meurtres d'employés de la Croix-Rouge.