L'armée israélienne a bouclé samedi la poudrière de Hébron, la plus grande ville de Cisjordanie occupée, et les villages environnants, après la mort de deux Israéliens dans une vague d'attaques palestiniennes.

Le regain de violences a coïncidé avec la publication vendredi par le Quartette international d'un rapport exhortant Israéliens et Palestiniens à renoncer respectivement à la colonisation et à la violence, qui minent selon lui les chances de paix.

En 48 heures, quatre attaques palestiniennes, trois en Cisjordanie et une près de Tel-Aviv, ont coûté la vie à deux Israéliens et blessé six. Trois assaillants ont été abattus, dont deux étaient originaires d'un village proche de Hébron, ville du sud du territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

Les autorités israéliennes ont pris plusieurs mesures de rétorsion, dont le bouclage de Hébron où deux bataillons ont été dépêchés en renfort, et la réduction des transferts des taxes due à l'Autorité palestinienne.

Samedi, les soldats ont verrouillé les entrées de cette ville de quelque 200 000 habitants palestiniens et installé des barrières bloquant les voies d'accès de et vers la ville, à l'exception de celle du nord qui mène au village de Halhoul en route pour Jérusalem, selon le correspondant de l'AFP sur place.

La sécurité palestinienne a déclaré que l'armée avait ouvert les entrées des villages de Saïr et Halhoul, mais la porte-parole de l'armée israélienne a indiqué qu'elles étaient déjà en partie ouvertes.

Dans ce contexte, le Premier ministre Benyamin Nétanyahou réunissait son cabinet de sécurité restreint samedi soir, selon un responsable israélien.

«Briser le cycle d'attaques»

Ces mesures de rétorsion sont selon l'armée, «les plus substantielles sur le terrain depuis 2014», lorsque les soldats avaient lancé une vaste opération à la recherche de trois jeunes Israéliens enlevés qui avaient été ensuite assassinés par des activistes palestiniens.

Hébron a concentré une partie des violences qui secouent depuis début octobre 2015 les Territoires palestiniens, Israël et Jérusalem et ont coûté la vie à 214 Palestiniens, 34 Israéliens, deux Américains, un Érythréen et un Soudanais, selon un décompte de l'AFP.

Selon l'armée, environ 80 attaques anti-israéliennes ont été menées par des Palestiniens originaires de la région de Hébron.

Le bouclage «vise à briser le cycle d'attaques meurtrières. La présence (de soldats) permettra de prévenir et déjouer des attaques supplémentaires», selon Peter Lerner, le porte-parole de l'armée.

L'armée a en outre révoqué les permis de travail israéliens de tous les habitants du village, a-t-il ajouté.

La vague d'attaques a été déclenchée jeudi par un Palestinien de 19 ans qui a poignardé à mort dans son sommeil une adolescente israélo-américaine après s'être infiltré dans sa maison de la colonie de Kyriat Arba, proche de Hébron.

Le lendemain, un père de famille israélien a été tué après qu'un Palestinien a ouvert le feu sur sa voiture près de Hébron avant de prendre la fuite. Le même jour, une Palestinienne, parente de l'assaillant de Kyriat Arba, a été abattue après avoir tenté de poignarder des gardes-frontières israéliens à Hébron.

Hébron est une poudrière depuis que 500 colons se sont installés dans le centre historique, barricadés sous haute protection militaire et retranchés derrière une zone tampon interdite d'accès aux habitants palestiniens.

«Responsabilité» de Facebook

«Les autorités et la population de Hébron soutiennent l'atmosphère incitant à la violence et ils doivent sentir les conséquences de leurs actes dans la vie quotidienne», a déclaré M. Erdan.

Ce dernier a par ailleurs déclaré que le géant des réseaux sociaux Facebook avait sa part de «responsabilité» dans les violences palestiniennes.

Il a indiqué à la chaîne privée «2» que tous les «discours, incitations et mensonges» des jeunes palestiniens avant les attaques meurtrières «étaient publiés sur Facebook».

M. Erdan a également accusé le géant américain de «saboter» le travail de la police israélienne en ne retirant pas ces publications.

Pour les analystes, les attaques palestiniennes résultent surtout des vexations de l'occupation israélienne, de l'absence de toute perspective proche d'indépendance et des frustrations économiques.

Et cette situation ne devra pas changer de sitôt en raison du blocage politique total avec l'absence de négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens depuis 2014 et les positions difficilement conciliables entre les deux camps en conflit depuis plus d'un demi-siècle.

Réagissant au rapport du Quartette, M. Nétanyahou a qualifié de «mythe» l'idée que la colonisation sapait la paix. Dans l'autre camp, le haut responsable palestinien Saëb Erekat a regretté que le rapport critique les Palestiniens «qui vivent sous une occupation militaire et coloniale».

Frappes dans la bande de Gaza 

Par ailleurs, l'armée israélienne a frappé une série de cibles dans la bande de Gaza, tôt samedi matin, en réponse à une attaque à la roquette qui a touché une garderie dans la ville frontalière de Sdérot.

Aucun blessé n'a été rapporté, mais certains bâtiments ont subi des dommages. Ce regain de tensions dans la bande de Gaza survient alors qu'en Cisjordanie, des attaques contre des colons juifs ont mené au plus important renforcement militaire israélien dans la région depuis deux ans.

L'armée israélienne a indiqué avoir visé quatre lieux d'entraînement qui appartenaient à de hauts dirigeants du Hamas, le mouvement islamiste qui dirige la bande de Gaza. Vendredi soir, une roquette provenant de ce territoire palestinien avait touché une garderie où il n'y avait personne, un rare cas de tir de roquette réussi contre des installations civiles en Israël.

Un porte-parole de l'armée israélienne, le lieutenant-colonel Peter Lerner, a déclaré que l'attaque à la roquette était «un rappel horrifiant des intentions des groupes terroristes de la bande de Gaza de cibler des communautés, des gens, des hommes, des femmes et des enfants».

Vendredi, un tireur palestinien avait pris en embuscade une famille qui se déplaçait en voiture dans le sud de la Cisjordanie, tuant un homme israélien, en plus de blesser sa femme et leurs deux adolescents. La veille, un adolescent palestinien avait poignardé une Américano-Israélienne de 13 ans alors qu'elle dormait dans sa chambre.

Ces attaques ont poussé l'armée israélienne à déployer des centaines de soldats dans le secteur et à boucler la région de Hébron. L'entrée au sud de la ville la plus importante de Cisjordanie a été bloquée, coupant ses quelque 170 000 résidants palestiniens des autres villes et villages.