La capitale yéménite Sanaa s'est réveillée lundi sous le fracas de nouveaux raids aériens de la coalition menée par l'Arabie saoudite que les rebelles chiites Houthis ont appelé à dénoncer lors d'une manifestation marquant le premier anniversaire de leur conquête de la ville.

Avant l'aube, des frappes aériennes ont visé des dépôts d'armes dans le quartier de Noqom (est), selon des témoins.

La base militaire, contrôlée par des unités rebelles alliées aux miliciens chiites Houthis, a été touchée à plusieurs reprises depuis le déclenchement en mars de la campagne aérienne menée par la coalition arabe antirebelles.

Un raid aérien a également touché le quartier de Sawan (nord-est), visant la résidence du parlementaire Ahmed al-Kahlani, proche de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, lui-même allié aux Houthis, ont indiqué des habitants.

Les rebelles ont appelé à un grand rassemblement lundi pour célébrer «le premier anniversaire de la révolution du 21-Septembre» avant de faire de cette date un jour férié.

Le 21 septembre 2014, les Houthis s'étaient emparés du siège du gouvernement à Sanaa, avec le soutien apparent d'unités restées fidèles à M. Saleh, après une offensive lancée deux mois plus tôt depuis leur fief situé dans le nord du Yémen.

Issus de la minorité zaïdite (branche du chiisme), ils s'estimaient marginalisés et ont justifié a posteriori leur action par deux impératifs : lutter contre la corruption qui gangrénait l'État et affronter Al-Qaïda qui s'était renforcée avec l'affaiblissement du pouvoir central suite au soulèvement contre l'ex-président Saleh.

La manifestation de lundi «confirmera au monde entier que le peuple est du côté des leaders de la révolution», affirme une déclaration des rebelles Houthis.

Leur chef Abdel Malek al-Houthi est resté sur une ligne dure.

«Revendications légitimes»

Dans un discours diffusé par la chaîne de télévision Al-Masirah contrôlée par les rebelles, il s'est dit ouvert à «toute médiation pour une solution politique qui ne mette pas en péril la souveraineté nationale, ne légalise pas l'agression et ne porte pas atteinte à la révolution et à ses revendications légitimes».

Le chef rebelle n'accède pas ainsi à la demande principale du gouvernement en exil du président Abd Rabbo Mansour Hadi, reconnu par la communauté internationale, qui exige l'application de la résolution 2216 du Conseil de sécurité de l'ONU.

Ce texte somme les rebelles de se retirer de toutes les zones qu'ils ont conquises depuis un an et de remettre les armes qu'ils ont prises à l'armée.

Après Sanaa, les Houthis ont étendu leur contrôle sur le Yémen, atteignant assez rapidement la ville d'Aden, dans le sud, et poussant le président Hadi à se réfugier en Arabie saoudite fin mars.

C'est à ce moment-là qu'une coalition d'une dizaine de pays arabes emmenée par l'Arabie saoudite a lancé une campagne aérienne contre les insurgés, qui se double aujourd'hui d'une offensive terrestre dans la province de Marib, à l'est de Sanaa.

Les frappes ont contribué à la reconquête cet été par différentes forces antirebelles de cinq provinces du sud, dont celle d'Aden.

La coalition continue d'amasser des forces terrestres dans la province de Marib, avec l'intention de marcher sur la capitale.

L'entreprise est risquée au regard des pertes qu'elle peut entraîner dans les rangs des forces coalisées. La coalition avait perdu dans une seule attaque de missile le 4 septembre 52 soldats des Émirats arabes unis, dix d'Arabie saoudite et cinq de Bahreïn.

Faute d'engager une offensive d'envergure en direction de Sanaa, la coalition continue de lancer des raids aériens et de pilonner à l'artillerie les positions tenues encore par les rebelles dans la province de Marib.

Ces opérations ont fait 18 morts dans les rangs rebelles au cours des dernières 24 heures, ont affirmé lundi des sources militaires à un correspondant de l'AFP.

En l'absence de progrès dans la médiation de l'ONU, le gouvernement du président Hadi tente d'asseoir son autorité sur le sud reconquis aux rebelles.

Le vice-président et chef du gouvernement Khaled Bahah est rentré le 16 septembre à Aden.

S'adressant dimanche soir à une assemblée de militaires, il a appelé à «rebâtir l'armée, loin de toute influence partisane», en rupture avec le modèle de l'ex-président Saleh qui a entraîné avec lui une partie des forces armées contre le pouvoir de son successeur.