Les autorités saoudiennes ont annoncé samedi que le pèlerinage annuel aurait lieu comme prévu malgré la chute d'une grue qui a tué 107 personnes à la Grande mosquée de la Mecque, où les fidèles sont retournés prier au lendemain du drame.

« Nous allons enquêter sur les causes, et ensuite nous annoncerons les résultats aux citoyens », a déclaré le roi Salmane après avoir visité le site de la tragédie, selon l'agence de presse officielle SPA.

Vendredi, à quelques jours du hajj, l'un des piliers de l'islam qui attire des centaines de milliers de fidèles du monde entier, une grue s'est effondrée en pleine tempête sur la Grande Mosquée à la Mecque, le premier lieu saint de l'islam dans l'ouest de l'Arabie saoudite.

Des témoins ont décrit des scènes de chaos : « Soudain, le ciel s'est couvert de nuages et le vent s'est mis à souffler violemment. Puis j'ai entendu le tonnerre et un grand fracas : c'était le bruit de la grue qui tombait », a raconté à l'AFP Mohamed un pèlerin venu du Maroc qui a survécu à l'accident.

« Beaucoup de gens ont été blessés, certains sont morts. Nous avions très peur, nous étions hystériques mais nous avons réussi à sortir », a relaté samedi Ahmed, un Égyptien.

L'accident a fait 107 morts et environ 200 blessés.

Il s'agit de la pire tragédie qui touche les lieux saints saoudiens depuis des années. Mais elle « n'affectera en aucun cas le hajj », a déclaré à l'AFP un responsable saoudien, ajoutant que les dégâts seraient « probablement réparés en quelques jours ».

Environ 800.000 pèlerins étrangers sont déjà arrivés pour le hajj qui débute le 21 ou 22 septembre. Il s'agit de l'un des plus grands rassemblements religieux au monde auquel avaient pris part en 2014 quelque deux millions de fidèles.

Samedi, au moment où résonnait l'appel à la prière de la mi-journée, la foule était de nouveau compacte dans la Grande Mosquée. Un périmètre dans lequel gisaient encore des morceaux de la grue rouge et blanche qui s'est fracassée était toujours inaccessible, selon un correspondant de l'AFP sur place.

Selon des témoins, des Saoudiens et des étrangers se sont immédiatement mobilisés après la tragédie pour faire des dons de sang.

Enquête en cours

Le porte-parole des deux saintes mosquées (La Mecque et Médine), Ahmed ben Mohamed al-Mansouri, a expliqué la chute de la grue par « les vents violents et les fortes pluies ».

Une commission d'enquête a déjà commencé ses investigations et l'entrepreneur de travaux publics a reçu l'ordre de sécuriser les autres grues du site, a précisé l'agence de presse saoudienne SPA.

L'édifice religieux est en effet entouré de plusieurs grues utilisées pour exécuter un énorme projet destiné à agrandir la superficie de la mosquée de 400 000 mètres carrés, ce qui permettrait d'accueillir jusqu'à 2,2 millions de personnes à la fois.

Irfan al-Alawi, co-créateur de la Fondation pour la recherche du patrimoine islamique basée à la Mecque, estime que les autorités ont fait preuve de négligence face au danger représenté selon lui par ces grues. « Ils ne se préoccupent pas du patrimoine et ils se moquent de la santé et de la sécurité ».

Un ingénieur du groupe de travaux publics qui mène le projet s'est toutefois défendu, affirmant qu'il n'y avait pas eu de défaillance technique.

La grue qui était là « depuis trois ou quatre ans était installée de manière professionnelle », a-t-il déclaré sous couvert d'anonymat, estimant que le drame relevait de la « volonté de Dieu ».

Le groupe saoudien Ben Laden Group qui appartient à la famille du défunt fondateur d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden, mène les travaux d'agrandissement.

Les autorités n'ont toujours pas fourni de détails sur la nationalité des victimes alors qu'un grand nombre de pèlerins étrangers se trouvaient sur place aux côtés de fidèles saoudiens.

Certains pays ont confirmé des victimes parmi leurs ressortissants : l'Indonésie (2 morts et 31 blessés), l'Inde (2 morts et 15 blessés), la Malaisie (10 blessés et six disparus), l'Iran (15 blessés) et l'Égypte (23 blessés).

L'agence SPA a indiqué que le roi Salmane avait exprimé ses condoléances aux familles de victimes, et visité un hôpital où se trouvaient des blessés notamment iraniens, turcs, afghans, égyptiens et pakistanais.

Condoléances étrangères

Plusieurs dirigeants étrangers, dont ceux de Russie, de Grande-Bretagne et d'Inde, ont adressé des messages de condoléances à l'Arabie saoudite.

Le hajj n'a pas connu d'incidents majeurs ces dernières années, l'Arabie saoudite investissant des milliards de dollars dans les autres infrastructures pour faciliter les mouvements de la foule.

En janvier 2006, 364 pèlerins sont morts piétinés lors d'un mouvement de panique, et 251 deux ans auparavant. En juillet 1990, 1.426 pèlerins ont péri, la plupart étouffés lors d'un mouvement de panique dans un tunnel.