L'Iran et la Grande-Bretagne vont rouvrir simultanément leurs ambassades respectives, a indiqué jeudi un responsable iranien en annonçant à cette occasion la visite dimanche du chef de la diplomatie britannique Philip Hammond à Téhéran.

Il s'agira de la première visite d'un ministre britannique des Affaires étrangères en Iran depuis 2003. Elle interviendra après celles de plusieurs ministres européens venus à Téhéran à la suite de la signature le 14 juillet d'un accord historique sur le nucléaire iranien.

Le responsable iranien du ministère des Affaires étrangères, s'exprimant sous couvert de l'anonymat, n'a pas donné la date exacte de la réouverture des ambassades, mais a souligné qu'elle aurait lieu lors de la visite du ministre britannique. Les médias iraniens l'ont annoncée pour dimanche.

«M. Hammond se rendra dimanche à Téhéran pour la réouverture de l'ambassade de son pays», a dit le responsable. L'ambassade d'Iran à Londres sera rouverte «au même moment», a-t-il ajouté.

L'ambassade de Grande-Bretagne a été fermée en novembre 2011 après sa mise à sac par des manifestants islamistes hostiles au durcissement des sanctions contre l'Iran, liées à son programme nucléaire controversé. Au même moment, l'ambassade d'Iran a également été fermée.

À Londres, le Foreign Office a seulement confirmé une visite de M. Hammond à Téhéran dans les prochains jours.

Lors d'un entretien téléphonique avec le président iranien Hassan Rohani le 16 juillet, le premier ministre britannique David Cameron avait «exprimé (son) intérêt» à rouvrir l'ambassade britannique en Iran.

Dégel avec Rohani

Les nouvelles annonces interviennent plus d'un mois après la conclusion d'un accord entre l'Iran et les puissances du groupe 5+1 (États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne) qui prévoit de limiter au nucléaire civil le programme iranien en échange d'une levée progressive et réversible des sanctions internationales imposées à l'économie iranienne depuis 2006.

L'attaque contre l'ambassade britannique avait été menée par des manifestants islamistes sans que la police présente sur place n'intervienne pour l'empêcher. Elle avait suscité une vague de réprobation internationale, en particulier de la part de l'ONU et les Affaires étrangères iraniennes avaient exprimé leurs regrets.

Avec l'élection du président modéré Rohani en juin 2013 et la reprise des négociations nucléaires à la fin de la même année, les relations entre Téhéran et Londres se sont peu à peu réchauffées.

En février 2014, les deux pays ont décidé de normaliser leurs relations en hissant symboliquement leur drapeau national sur leurs représentations respectives à Londres et Téhéran. Peu auparavant, ils avaient nommé des chargés d'affaires non résidents.

La visite de M. Hammond suivra celle en juillet de son homologue français, Laurent Fabius, précédé par le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel et la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.

«Grand Satan»

En juillet, Londres avait déjà assoupli ses recommandations aux ressortissants britanniques voulant se rendre en Iran. «Nous pensons que le risque a évolué, en partie à cause de l'hostilité moindre sous le gouvernement Rohani».

Les pays occidentaux, qui avaient très fortement limité leurs relations commerciales et économiques avec l'Iran à cause des sanctions liées au programme nucléaire iranien, espèrent, après l'accord du 14 juillet, renouer rapidement avec ce pays pour être présents dans un marché de près de 80 millions d'habitants.

Le gouvernement du président Rohani encourage aussi la normalisation des relations avec l'Occident pour attirer des investissements internationaux dont son pays a fortement besoin pour développer les différents secteurs de son économie, notamment les secteurs pétrolier et gazier qui ont fortement souffert des sanctions.

Même s'ils ont été l'un des principaux négociateurs de l'accord nucléaire, les États-Unis, considérés toujours comme le «Grand Satan» par l'Iran, n'ont pas d'ambassade à Téhéran.

Les relations diplomatiques entre les deux pays ont été rompues en 1980 après la révolution islamique de 1979 et la prise en otage des diplomates américains par des étudiants islamistes, qui avaient été retenus pendant 444 jours.