Le siège du pouvoir à Aden a été la cible jeudi d'un attentat meurtrier, une première depuis la reprise de la ville du sud du Yémen aux rebelles chiites Houthis, tandis que des raids aériens de la coalition conduite par Riyad soulevaient des critiques.

L'attaque à la roquette antichar à Aden a fait quatre morts et 20 blessés, a indiqué le gouverneur de la province, Nayef al-Bakri.

M. Bakri est sorti indemne de cette attaque ayant visé la faculté de sciences administratives où se trouvent ses bureaux provisoires. Le siège du gouvernorat a en effet été détruit durant les combats entre forces loyalistes et combattants Houthis.

Cet attentat est le premier du genre depuis la reprise de la ville aux Houthis à la mi-juillet.

Les services de sécurité disent n'avoir pour le moment aucune piste concernant ses auteurs.

M. Bakri est proche du parti islamiste Al-Islah. Il était vice-gouverneur d'Aden avant l'arrivée des Houthis fin mars dans la ville et a été nommé gouverneur durant les combats par le président en exil, Abd Rabbo Mansour Hadi, pour le récompenser de sa décision de ne pas quitter Aden comme beaucoup d'autres responsables provinciaux.

La reprise d'Aden par les forces anti-Houthis a été un tournant dans le conflit. C'est à partir de cette ville que les loyalistes ont lancé des offensives qui leur ont permis de reprendre d'autres régions du sud du Yémen aux rebelles chiites, qui en quelques mois avaient conquis des pans entiers du pays.

13 instituteurs tués

Les forces anti-Houthis sont appuyés dans leur contre-offensive par des raids aériens d'une coalition arabe lancée le 26 mars par l'Arabie saoudite pour empêcher les rebelles chiites de s'emparer de l'ensemble du Yémen.

Ces raids font régulièrement des victimes civiles, provoquant des critiques.

L'Organisation des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) s'est ainsi élevée contre un raid aérien ayant coûté la vie mardi à 13 instituteurs et quatre enfants à Omrane, au nord de Sanaa.

Ces victimes paient «le prix fort du conflit», a dénoncé l'organisation.

Selon l'Unicef, le raid s'est produit alors que des instituteurs étaient réunis pour préparer les examens, alors que des centaines de milliers d'écoliers voient leur scolarité perturbée par la guerre.

Les enfants tués accompagnaient leurs parents à la réunion, selon la même source.

Des sources médicales ont indiqué à l'AFP qu'outre les 17 civils, cinq rebelles Houthis avaient péri dans le raid.

Selon les témoins, la réunion des instituteurs a coïncidé avec une rencontre dans le même bâtiment de rebelles chiites.

Crise humanitaire

En moyenne, l'Unicef estime que huit enfants sont tués ou grièvement blessés chaque jour au Yémen. Près de 400 ont déjà été tués et 600 blessés, d'après l'organisation.

Au total plus de 4400 personnes ont péri depuis mars dans les combats, selon l'ONU.

De son côté, l'Union européenne a déploré jeudi le bombardement par la coalition du port d'Hodeida (ouest), point d'entrée vital pour l'aide humanitaire dont l'acheminement est «extrêmement difficile».

Sans mettre en cause directement la coalition arabe, la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini et le commissaire européen à l'Humanitaire, Christos Stylianides, ont estimé, dans un communiqué, que de tels bombardements créaient «un obstacle supplémentaire» à la distribution de cette aide destinée aux populations dans le besoin.

Les raids, menés mardi, ont également été qualifiés d'«inacceptables» par l'ONU, qui estime qu'ils pourraient «avoir un lourd impact sur l'ensemble du pays» en aggravant la crise humanitaire.

Les attaques semblent avoir fait des victimes parmi les rebelles Houthis et des dockers. Mais aucun bilan n'a pu être établi de façon fiable par l'AFP.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a prévenu mercredi que la famine menaçait désormais le Yémen, où plus de 500 000 enfants souffrent de malnutrition aiguë.