La famine menace le Yémen en guerre où plus de 500 000 enfants souffrent de malnutrition aiguë, s'est alarmée mercredi le Programme alimentaire mondial (PAM) qui a exhorté les belligérants à laisser travailler les humanitaires et les donateurs à accroître leur aide.

Par ailleurs, huit enfants sont tués ou gravement blessés en moyenne chaque jour au Yémen, un pays ravagé par la guerre depuis près de cinq mois, selon l'Unicef. Près de 400 ont été tués et 600 blessés, d'après un nouveau rapport.

«Des enfants ont été tués par des bombes ou fauchés par des balles, et ceux qui y ont survécu font face à la menace grandissante des maladies et de la malnutrition», estime Julien Harneis, le représentant de l'Unicef pour le Yémen.

«Tous les signes qui nous permettent de qualifier la situation de famine se profilent», s'est alarmée pour sa part la directrice générale du PAM Ertharin Cousin devant la presse au Caire, de retour d'une visite de trois jours au Yémen, notamment dans la capitale Sanaa et à Aden (sud).

Plus de 500 000 enfants souffrent de malnutrition aigüe, selon le PAM.

L'organisme estime à 13 millions, sur une population de 25 millions, le nombre de Yéménites menacés par le manque de nourriture, dont 6 millions ont besoin d'une aide extérieure d'urgence pour se nourrir.

«Si nous ne pouvons pas faire en sorte que les marchés locaux soient approvisionnés en s'assurant que les ports sont ouverts (...), et si l'aide des donateurs n'augmente pas, nous allons faire face à un désastre total au Yémen», a estimé Mme Cousin.

Le PAM a lancé un appel pressant aux dons avant le début d'un programme de livraison d'urgence de nourriture le mois prochain dont il estime le coût à 320 millions de dollars.

«La prochaine génération de Yéménites subira des dommages irréversibles si nous ne pouvons pas livrer rapidement la nourriture adéquate et dans les délais nécessaires aux enfants. Nous devons agir maintenant avant qu'il ne soit trop tard», a exhorté Mme Cousin.

Plus de 4400 personnes ont été tuées depuis mars, selon l'ONU, par les combats opposant des rebelles chiites Houthis, qui ont pris le contrôle depuis l'année dernière de nombreuses régions du pays dont la capitale Sanaa, aux forces anti-insurgés qui ont récemment reconquis d'importants territoires dans le sud.

L'Arabie saoudite et d'autres pays arabes apportent un soutien militaire actif aux forces anti-Houthis.