Israël a débloqué dimanche une partie des fonds qu'il refusait de verser depuis trois mois à l'Autorité palestinienne, un paiement que le président palestinien Mahmoud Abbas a rejeté, exigeant qu'il soit effectué en totalité ou pas du tout.

Israël a gelé début janvier le versement des taxes qu'il collecte pour le compte de l'Autorité palestinienne pour protester contre son adhésion à la Cour pénale internationale (CPI). Fin mars, il avait annoncé qu'il débloquerait les centaines de millions de dollars dus.

Une facture qui s'élève aujourd'hui à environ 520 millions de dollars, soit l'éventail complet des taxes perçues entre décembre 2014 et février 2015 pour le compte des Palestiniens, selon une source gouvernementale israélienne.

Une source dans l'entourage du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a confirmé dimanche à l'AFP qu'une «partie de cet argent» avait été transférée à l'Autorité palestinienne, ajoutant qu'Israël avait «assuré aujourd'hui aux États-Unis que le montant restant pouvait être transféré à tout moment».

M. Abbas, dont le gouvernement avait déjà exigé un versement intégral ou pas de versement du tout il y a une semaine, a pour sa part affirmé qu'Israël avait prélevé un tiers de cette somme.

«Ils disent qu'ils vont nous envoyer l'argent et finalement ils nous l'envoient, mais un tiers en a été déduit, pourquoi?», a ainsi lancé le président palestinien dans un discours dimanche à Ramallah, le siège de l'Autorité en Cisjordanie occupée.

«Maintenant, nous avons un dossier supplémentaire à soumettre à la CPI : d'abord il y a la guerre (de l'été 2014) à Gaza, la colonisation, et maintenant la direction palestinienne étudie ce nouveau dossier pour pouvoir le présenter en temps voulu à la CPI», a-t-il ajouté.

D'ici là, a affirmé M. Abbas, «nous ne prendrons pas l'argent jusqu'à ce qu'il nous soit rendu dans son intégralité : soit on nous donne toute la somme, soit nous allons au tribunal».

Lors de la création il y a plus de 20 ans de l'Autorité palestinienne, Israël s'est engagé à collecter en son nom les taxes et les droits de douane sur les marchandises destinées aux Palestiniens transitant obligatoirement par Israël.

Aujourd'hui, cette somme représente plus de 150 millions de dollars par mois, soit les deux tiers des recettes budgétaires propres de l'Autorité palestinienne qui, depuis qu'Israël a suspendu début janvier les versements, peine à payer ses 180 000 fonctionnaires.

La Palestine est officiellement devenue membre de la CPI le 1er avril, et la procureure Fatou Bensouda a décidé de se pencher sur le conflit israélo-palestinien. Mais aucune enquête formelle n'a été ouverte contre des dirigeants israéliens.