Une série d'attaques a fait 19 blessés cette semaine au sein de la minorité alaouite dans la ville libanaise de Tripoli, théâtre d'affrontements meurtriers liés au conflit en Syrie, a affirmé samedi un responsable de la sécurité.

Des combats entre Bab al-Tebbaneh (sunnite) et le secteur voisin de Jabal Mohsen (alaouite), deux quartiers miséreux de Tripoli, avaient fait 14 morts la semaine précédente.

L'épisode le plus violent cette semaine a eu lieu samedi lorsque des hommes armés sunnites ont attaqué un bus transportant des travailleurs alaouites, faisant neuf blessés.

«Les hommes armés ont ouvert le feu sur le bus et ont ensuite frappé certains des travailleurs. Les neuf victimes, blessées par balles ou par des coups ont été transportées à l'hôpital», a expliqué le responsable de la sécurité.

«Le bus dans lequel ils se trouvaient s'est arrêté à l'entrée du quartier de Bab al-Tebbaneh. C'est alors que les hommes armés ont attaqué», a-t-il ajouté.

Selon un médecin qui a soigné les neuf hommes, aucun d'entre eux n'était grièvement blessé.

Trois autres alaouites ont été blessés au couteau sur la place Tal, dans le centre de Tripoli.

Un autre homme, employé de la mairie, a également été attaqué par un assaillant armé d'un couteau.

«Ce qui s'est passé aujourd'hui est terrible et l'État doit arrêter ceux qui sont derrière ces attaques», s'est élevé Khaled al-Rafei, un jeune habitant sunnite de Tripoli.

Six autres alaouites avaient été blessés au cours de la semaine dans des attaques.

Tripoli est en proie à des affrontements réguliers, alimentés par la guerre en Syrie, entre la communauté sunnite favorable à la révolte contre le régime de Bachar al-Assad et les alaouites, acquis au président syrien, lui-même issu de cette communauté.

Lundi, l'armée a été déployée entre Jabal Mohsen et Bab al-Tebbaneh pour tenter de mettre fin aux violences.

Un barbier de Jabal Mohsen a affirmé à l'AFP avoir peur de faire le trajet quotidien jusqu'à son salon de coiffure dans le centre-ville.

«Depuis la dernière bataille, j'ai reçu des menaces par téléphone, j'ai peur de me déplacer en centre-ville, je songe à fermer mon salon», a-t-il expliqué, sous couvert d'anonymat.

Les tensions confessionnelles se sont aggravées à Tripoli, qui compte 200.000 habitants à 80% sunnites, au fur et à mesure que la Syrie, ancienne puissance tutélaire, s'enfonçait dans la guerre civile.

Les alaouites -communauté issue du chiisme- représentent 7 à 8% de la population, se sont installés au début du 20e siècle. Le reste des habitants sont des chrétiens.