Le président américain Barack Obama recevait mardi matin les négociateurs israéliens et palestiniens, au deuxième jour de la reprise de leur dialogue direct que la partie israélienne a jugée «positive».

L'entrevue entre M. Obama, la ministre israélienne de la Justice Tzipi Livni et le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat a débuté vers 10h à la Maison-Blanche, selon un responsable de la présidence, et ne figurait pas au programme officiel du président des États-Unis.

Un entretien trilatéral entre Israéliens, Palestiniens et le secrétaire d'État John Kerry, l'artisan de cette reprise des contacts directs, était programmé dans la matinée suivi d'une déclaration à la presse.

Après trois ans de gel, des pourparlers directs israélo-palestiniens ont repris symboliquement lundi soir à Washington autour du repas de rupture du jeûne du ramadan, l'iftar, sous l'égide de M. Kerry. Les États-Unis ont exhorté les deux parties à négocier de «bonne foi» afin de trouver un «compromis raisonnable». Les deux camps sont d'accord pour discuter pendant «au moins neuf mois», selon le département d'État, qui s'est refusé à parler de «date-butoir».

Tous se sont en tout cas entendus pour rester discrets sur le contenu des discussions.

Mme Livni s'est contentée de dire à la radio publique israélienne qu'elles se déroulaient dans une «atmosphère positive».

«Tous les sujets sont sur la table, mais nous avons décidé que ce qui est dit dans la salle des discussions ne sorte pas à l'extérieur», a ajouté la ministre israélienne.

Tard lundi soir, un responsable américain avait lui aussi qualifié le dîner de «constructif et productif», dans un «bon état d'esprit», mais sans en dire davantage.

De fait, l'amorce de ce processus de paix reste extrêmement fragile.

Des «choix difficiles» à venir

La ministre de la Justice n'a pas caché une nouvelle fois l'existence de profondes divergences au sein du gouvernement israélien. «Il y a des ministres qui ne veulent pas arriver à un accord ni entendre parler de l'idée de deux États, d'autres ministres qui sont indifférents, mais espèrent qu'il n'en sortira rien, et d'autres membres du gouvernement qui veulent parvenir à la fin du conflit», a expliqué Mme Livni.

Elle faisait allusion aux ministres de l'aile dure du Likoud, le parti du premier ministre Benyamin Nétanyahou, et du Foyer juif, un parti nationaliste, qui sont hostiles à la création d'un État palestinien. Mme Livni visait aussi le parti de centre droit Yesh Atid de Yaïr Lapid, le ministre des Finances, qui jusqu'à présent ne considère pas le processus de paix comme une priorité.

Le vice-ministre des Affaires étrangères Zeev Elkin, un des «durs» du Likoud, a pour sa part affirmé à la radio publique qu'il avait «une divergence de principe» avec Mme Livni. «Tout changement (à la suite d'un accord, ndlr) n'est pas forcément positif pour la sécurité d'Israël, parfois cela ne fait qu'empirer la situation». M. Elkin a également affirmé que les «Palestiniens ne sont pas prêts à faire la moindre concession» pour parvenir à un accord.

Après plus de six décennies d'un conflit historique et de multiples échecs de relance du processus de paix, le président Obama avait salué dès lundi matin un moment «prometteur» pour le Proche-Orient, tout en avertissant Israël et les Palestiniens qu'ils devront faire des «choix difficiles» et «travailler dur».

Le président des États-Unis avait fait du règlement du conflit israélo-palestinien une des priorités de son premier mandat en janvier 2009, avant d'échouer: les dernières négociations de paix directes avaient capoté en septembre 2010, au bout de trois semaines, en raison de la poursuite de la colonisation israélienne à Jérusalem-Est et en Cisjordanie.

Pour superviser ces nouvelles discussions, John Kerry a nommé comme émissaire spécial un ancien ambassadeur en Israël, le très respecté Martin Indyk, 62 ans, lequel s'est dit «convaincu depuis 40 ans que la paix était possible».



Kerry vise un accord final d'ici neuf mois


Les négociateurs israéliens et palestiniens qui ont repris le dialogue à Washington doivent se revoir d'ici deux semaines au Proche-Orient avec l'objectif de sceller un accord final d'ici neuf mois, a indiqué mardi le secrétaire d'État John Kerry.

Les deux camps «se rencontreront dans les deux prochaines semaines en Israël ou dans les Territoires palestiniens (...) pour commencer le processus des négociations formelles», avec pour «objectif» de trouver «un accord final au cours des neuf prochains mois», a déclaré M. Kerry devant la presse au département d'État.

Le chef de la diplomatie américaine, l'artisan de cette reprise de contacts directs entre Israéliens et Palestiniens après trois ans de gel, s'exprimait aux côtés de la ministre israélienne de la Justice Tzipi Livni et du négociateur en chef palestinien Saëb Erakat.

«Les parties sont tombées d'accord aujourd'hui pour que toutes les questions du statut final, toutes les questions fondamentales et toutes les autres soient toutes sur la table des négociations», a assuré M. Kerry.

«Je crois fermement que les dirigeants, les négociateurs et les citoyens qui s'investissent peuvent faire la paix pour une raison très simple: ils y sont obligés. Une solution viable à deux États (israélien et palestinien) est la seule voie pour résoudre ce conflit. Il ne reste pas beaucoup de temps pour y arriver et il n'y pas d'alternative», a martelé le ministre américain qui s'est rendu six fois en quatre mois au Proche-Orient.

M. Erakat a salué les efforts du patron de la diplomatie américaine, affirmant que «personne d'autre que les Palestiniens ne bénéficieraient davantage d'un succès» des négociations de paix avec Israël, sous l'égide de Washington.

«Je suis ravi que toutes les questions soient sur la table (...) Il est temps pour les Palestiniens d'avoir leur propre État souverain», a dit le dirigeant palestinien.

Et Mme Livni s'est elle aussi montrée plutôt optimiste.

«Je crois que l'Histoire ne se fait pas par les cyniques. Elle se fait grâce aux réalistes qui n'ont pas peur de rêver», a lancé la ministre.

Avant ce point de presse, le président américain Barack Obama avait reçu à la Maison-Blanche les négociateurs des deux camps.

Après trois ans de gel, des pourparlers directs israélo-palestiniens ont repris symboliquement lundi soir à Washington autour du repas de rupture du jeûne du ramadan, l'iftar, offert par M. Kerry. Les États-Unis ont exhorté les deux parties à négocier de «bonne foi» afin de trouver un «compromis raisonnable».

Le contenu des premières discussions reste secret.