Le roi de Jordanie Abdallah II et le président palestinien Mahmoud Abbas ont signé dimanche un accord confirmant le rôle historique de la Jordanie en tant que gardienne des lieux saints musulmans de Jérusalem, a indiqué le Palais royal.

Ils ont souligné, selon un communiqué du palais, leur «objectif commun de défendre» Jérusalem et ses lieux saints, notamment la Mosquée al-Aqsa, théâtre d'incidents très fréquents entre Palestiniens et forces de sécurité israéliennes, contre toute «tentative de judaïsation».

«Dans cet accord historique, M. Abbas a (rappelé) que le roi est le gardien des lieux saints de Jérusalem, et qu'il a le droit d'entreprendre tous les efforts légaux pour les protéger, en particulier la mosquée d'Al-Aqsa», écrit le palais.

L'accord «souligne également les principes historiques sur lesquels la Jordanie et la Palestine se sont mises d'accord pour poursuivre des efforts conjoints afin de protéger la ville et ses lieux saints des tentatives de judaïsation israélienne», poursuit le communiqué.

Il réaffirme «l'objectif commun» des deux pays «de défendre ensemble Jérusalem, surtout à un moment critique où la ville doit faire face (...) à des changements illégaux quotidiens» qui portent atteinte «à son authenticité et à son identité originelle», selon le texte.

«Jérusalem fait actuellement face à des défis majeurs et des tentatives d'altérer son identité arabe, musulmane et chrétienne», insiste le Palais royal.

Jérusalem abrite le troisième lieu saint de l'islam, le «Noble sanctuaire» (Haram al-Charif), également nommé l'esplanade des Mosquées, car elle accueille l'emblématique mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher à l'étincelante coupole dorée.

Ce site, que les juifs appellent le mont du Temple, en référence à l'ancien Temple de Jérusalem détruit par les Romains en l'an 70, est une poudrière au coeur de Jérusalem, prête à exploser à la moindre rumeur ou provocation, comme en témoignent les heurts répétés autour de ce lieu sacré à la fois pour l'islam et le judaïsme.

Jeudi, le négociateur palestinien, Saëb Erakat, a fustigé les récentes «intrusions» de colons juifs, dont le député du Likoud (droite) Moshé Feiglin, sur l'esplanade des Mosquées.

Les affrontements s'y sont multipliés pendant la Pâque juive, fêtée la semaine dernière, entre Palestiniens et la police israélienne à la suite de visites de colons et de juifs nationalistes religieux, considérées comme des provocations par les musulmans.

Dimanche encore, des Israéliens qui se rendaient sous escorte policière sur l'esplanade ont été la cible de jets de pierres. Six Palestiniens ont été arrêtés, a indiqué la police.

L'esplanade des Mosquées est autorisée aux non-musulmans, y compris aux juifs, quelques heures par jour, mais parfois la police israélienne ferme l'accès au site pour éviter des incidents.

La loi israélienne interdit aux fidèles juifs de prier sur le site et le rabbinat d'Israël en bannit l'accès pour des raisons théologiques.

Depuis la Guerre des Six Jours de juin 1967, Israël a annexé et occupe Jérusalem-Est, secteur à majorité arabe, une décision que n'a jamais reconnue la communauté internationale.

Les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de leur futur État tandis que les Israéliens proclament que Jérusalem est indivisible et la «capitale éternelle» de l'État d'Israël.

La Jordanie, signataire d'un traité de paix en 1994 avec Israël, est la gardienne des lieux saints musulmans de Jérusalem, depuis la Guerre des Six Jours.

«Cet accord confirme le rôle de la Jordanie» a déclaré M. Abbas selon des propos cités par le palais royal jordanien, ajoutant que le texte «consolide ce que les deux parties (Jordaniens et Palestiniens) ont mis en place il y a des décennies».