Le général Joseph Dunford, commandant de l'Isaf, le bras armé de l'OTAN en Afghanistan, a annoncé dimanche que la coalition suivrait les recommandations du président Karzaï, qui a interdit à ses forces de sécurité de demander l'appui aérien des troupes de l'OTAN.

Le chef de l'État afghan a annoncé samedi qu'il avait signé un décret en ce sens, «quelles que soient les conditions», après que dix civils, la plupart des femmes et des enfants eurent péri dans un bombardement américain dans l'est du pays au cours de la nuit de mardi à mercredi.

Trois talibans avaient également trouvé la mort dans la maison visée.

L'aide aérienne comprend également l'assistance médicale qu'apporte la coalition aux policiers et soldats afghans blessés au combat.

Faute d'avoir lu ce texte, l'OTAN indique ne pas savoir ce qu'y figure  exactement. Hamid Karzaï, dont le gouvernement est porté à bout de bras par la communauté internationale, a l'habitude de proférer des récriminations à l'adresse de ses alliés occidentaux, qui ne se traduisent pas nécessairement pas des actes.

«Nous sommes préparés à soutenir (les forces de sécurités afghanes, ANSF) en accord avec la volonté du président», a néanmoins déclaré le général Dunford à des journalistes.

«Je reçois les consignes du président. Nous travaillerons sur les détails dans les jours à venir», a estimé le nouveau chef de l'Isaf, qui a succédé il y a une semaine au général John Allen.

«Il y a d'autres manières de soutenir l'ANSF que les opérations aériennes», a observé Joseph Dunford, ajoutant que l'Isaf avait «fait d'énormes progrès pour réduire les pertes civiles».

En juin, après une attaque aérienne qui avait fait 18 morts, tous des   civils, l'OTAN avait décidé d'éviter les bombardements sur des zones d'habitation «sauf, bien sûr, s'il n'y a pas d'autre choix, et qu'il faut protéger nos soldats», avait déclaré le général Curtis Scaparrotti depuis Washington.

Interrogé à ce sujet, un porte-parole de l'Isaf s'est refusé à tout commentaire.

Les pertes civiles lors de bombardements de l'OTAN, généralement américains, sont un sujet constant de friction entre le président Karzaï et ses alliés.

«Quand nos forces demandent le soutien des étrangers, des enfants sont tués dans des bombardements», s'est insurgé le chef de l'État samedi.

«Mais sans aucun appui aérien, ça sera probablement beaucoup plus compliqué. La difficulté en Afghanistan, c'est la très grande mobilité de l'adversaire. Si on veut le chercher au fond de ses caches, ce sera très difficile d'y aller à pied ou en 4X4», a observé une source sécuritaire occidentale.

«Si l'arme aérienne est interdite à terme, c'est une très belle victoire pour les talibans. Sans arme aérienne, il faut leur courir après», a poursuivi cette source.

Un comité de l'ONU a récemment dénoncé la mort de «centaines d'enfants» afghans dans des attaques et des bombardements aériens essentiellement réalisés par l'armée américaine ces dernières années.

L'armée américaine, à la tête de la mission de l'OTAN, a rejeté de manière «catégorique» des conclusions «infondées», faisant valoir que le nombre des victimes civiles de l'OTAN en Afghanistan avait diminué de 49% en 2012 par rapport à 2011 et que le nombre des enfants tués ou blessés dans des bombardements aériens avait chuté de 40% pendant la même période.

«Il existe un seuil de pertes collatérales. Plus on se rapproche de zéro, plus c'est difficile de le réduire», a remarqué la source sécuritaire, ajoutant que «les Américains prenaient énormément de précautions avant de procéder à un bombardement».

Plus de 13 000 civils sont morts des suites du conflit entre 2007 et l'été 2012 en Afghanistan, selon l'ONU.