Un bombardement de l'OTAN a tué huit personnes d'une même famille, dont six enfants, dans leur demeure de Paktia, une province instable de l'est de l'Afghanistan, a-t-on appris dimanche auprès de responsables afghans.

Le président afghan Hamid Karzaï, très critique dès lors que des morts de civils sont attribuées aux troupes de l'OTAN, a immédiatement ordonné une enquête sur ce cas, a fait savoir la présidence afghane dans un communiqué.

Samedi soir vers 20H30 locale (16H00 GMT) «un homme, sa femme et six de leurs enfants sont morts. C'était un bombardement conduit par l'OTAN», a affirmé à l'AFP Rohullah Samoon, le porte-parole du gouvernement de Paktia.

L'Isaf, la force armée de l'OTAN, interrogée par l'AFP, a indiqué avoir entendu parler de l'événement et enquêter sur le sujet.

L'attaque a été confirmée par une source sécuritaire de haut niveau à Kaboul. «C'est vrai. Une maison a été bombardée par l'OTAN. Un homme appelé Mohammad Sahfee, sa femme et six de leurs enfants innocents ont été brutalement tués», a-t-il raconté.

Les opérations nocturnes de la coalition contre les domiciles afghans sont depuis longtemps un sujet de friction entre le chef de l'État afghan et ses alliés de l'OTAN, qui portent à bout de bras son fragile gouvernement face à l'insurrection talibane depuis dix ans.

Début mai, le président Karzaï a convoqué le commandant de l'Isaf, le général américain John Allen, et l'ambassadeur des États-Unis à Kaboul, Ryan Crocker, pour une «réunion d'urgence» au palais présidentiel après que des dizaines de civils eurent, selon lui, été tuées dans plusieurs bombardements de l'OTAN.

M. Karzaï avait à cette occasion menacé Washington de geler l'accord de partenariat stratégique à long terme signé par les deux pays si l'Isaf ne faisait pas plus d'efforts pour éviter de tuer des civils lors de ses opérations. Cet accord a été ratifié samedi par le parlement afghan.

Les civils sont les premières victimes du conflit opposant Isaf et forces progouvernementales à l'insurrection menée par les talibans. En 2011, plus de 3000 civils sont morts des suites du conflit. Soit autant que le nombre de soldats de l'Isaf ayant péri en Afghanistan depuis plus de dix ans.

Arrivée fin 2001 en vue de traquer Oussama ben Laden et chasser du pouvoir les talibans l'hébergeant, la coalition, malgré 130 000 soldats encore présents sur le terrain, n'a toujours pas réussi à se défaire des rebelles.

La présence des étrangers est de plus en plus mal acceptée par la population, notamment après des pertes civiles.

Les raids nocturnes, ces opérations de la coalition contre les domiciles afghans, également sujet de friction entre M. Karzaï et l'OTAN, car elles mettent à nu l'intimité familiale, une valeur extrêmement importante en Afghanistan, ont donné lieu en avril à un accord entre les deux parties.

Une entité composée de forces afghanes et de l'OTAN décide désormais de leur utilité, la décision finale revenant aux Afghans, qui déterminent si la présence d'étrangers est nécessaire, ou non.