Le chef de l'opposition laïque irakienne, Iyad Allawi, a demandé mercredi au premier ministre chiite Nouri al-Maliki de partir s'il continue de refuser un réel partage du pouvoir, sur fond de grave crise politique en Irak.

M. Allawi a avancé trois options pour mettre fin à un mois de crise, suggérant au principal groupe parlementaire, l'Alliance nationale, une coalition de partis religieux chiites dont le principal est dirigé par M. Maliki, de choisir un nouveau chef du gouvernement.

«L'Alliance nationale doit désigner un nouveau premier ministre, qui soit qualifié pour administrer le pays avec l'aide du gouvernement et qui soit éloigné du confessionnalisme politique», a dit l'ex-premier ministre, 66 ans, lors d'une conférence de presse à Bagdad.

Il a proposé, comme solutions alternatives, «la formation d'un nouveau gouvernement pour préparer honnêtement de nouvelles élections» ou que l'actuel cabinet se comporte de manière «réellement participative conformément à l'accord d'Erbil», signé en 2010 par l'ensemble des partis et prévoyant un partage du pouvoir.

Le bloc Iraqiya, dirigé par M. Allawi et soutenu par les sunnites, refuse de participer depuis la mi-décembre aux travaux du Parlement et du gouvernement, critiquant vivement les méthodes autoritaires attribuées à M. Maliki.

Ce dernier a répliqué à ce boycottage en réclamant le limogeage de son adjoint sunnite, Saleh Moutlak, qui l'avait qualifié de «dictateur pire que Saddam Hussein».

Le conflit, qui menace selon certains analystes de dégénérer en guerre civile confessionnelle, a été aggravé par l'émission fin décembre d'un mandat d'arrêt pour complot à l'encontre du vice-président sunnite Tarek al-Hachémi, actuellement au Kurdistan irakien (nord).

Iraqiya est arrivé en tête aux législatives de mars 2010, mais n'avait pas pu former de gouvernement. Les partis chiites religieux, qui avaient concouru en ordre dispersé aux élections, s'étaient regroupés pour former le principal groupe parlementaire et avaient choisi M. Maliki comme premier ministre.

Interrogée sur la possibilité qu'Iraqiya reste au gouvernement avec M. Maliki, la porte-parole du bloc, Mayssoun Doumouloudji, a répondu: «Pour être honnête, je ne crois pas. Je ne pense pas non plus que les Kurdes veulent rester dans un gouvernement, en particulier son appareil de sécurité, qui est dirigé par une seule personne et dans lequel ils se sentent menacés».

Selon elle, les «différentes composantes de l'Alliance nationale sont inquiètes comme nous. Elles ont le sentiment qu'après avoir fini avec Iraqiya, Maliki se retournera contre les sadristes, le Conseil supérieur islamique d'Irak et d'autres courants» de la coalition.

«Pour le moment, (Nouri al-Maliki) bénéficie de soutiens extérieurs, précisément les États-Unis et l'Iran, car sans eux il ne serait plus au pouvoir», a-t-elle dit.

Dimanche, M. Allawi a déclaré à la chaîne CNN que l'Irak traversait «la phase la plus dangereuse de son histoire», parlant d'un «retour en force» des rivalités religieuses.

Les dernières troupes américaines ont quitté l'Irak à la mi-décembre.