Trois ex-otages français, libérés après avoir été aux mains d'Al-Qaïda au Yémen pendant plus de cinq mois, ont quitté lundi Mascate pour la France qui a démenti avoir payé une rançon.

«Nous sommes très heureux d'être enfin libres et de pouvoir retourner dans nos familles», ont fait fait savoir avant d'embarquer les trois ex-otages, deux femmes et un homme, dans un communiqué lu par ce dernier devant les journalistes.

«Nous remercions tous les trois le sultan Qabous d'Oman pour son implication et pour tous les efforts déployés afin de nous mener vers la liberté, et nous sommes très reconnaissants pour l'hospitalité qui a été offerte au cours de notre présence à Oman», a-t-il ajouté.

Les ex-otages qui semblaient en bonne santé regagnaient la France à bord d'un avion français depuis Mascate, où ils étaient arrivés à bord d'un avion militaire omanais en provenance de Salalah, à un millier de kilomètres au sud de la capitale du sultanat.

«Ils sont en bonne santé (...) Nous remercions le sultan Qabous d'Oman pour ses efforts», a déclaré aux journalistes l'ambassadrice de France à Oman, Malika Berak, qui les a accueillis.

Les trois humanitaires dont la libération avait été annoncée dans la nuit de dimanche à lundi avaient été conduits par la route depuis le sud du Yémen jusqu'au sultanat d'Oman, selon un chef tribal ayant contribué à leur libération au Yémen.

Un homme d'affaires yéménite, Ahmed Ben Férid al-Souraimeh, qui vit en exil dans le sultanat d'Oman et a contribué à leur libération, se trouvait avec eux dans l'avion, selon le correspondant de l'AFP.

Âgés de 25 à 30 ans, les trois humanitaires travaillaient pour l'ONG française Triangle Génération Humanitaire à la remise en état d'infrastructures dans l'immense province désertique du Hadramaout, dans l'est du Yémen.

Selon des chefs tribaux, ils ont été transférés pendant leur détention de cache en cache dans les zones sous contrôle du réseau extrémiste Al-Qaïda.

Après ces libérations, il reste cinq Français retenus en otage dans le monde, l'un ayant été enlevé en Somalie, les quatre autres au Niger.

La présidence française avait annoncé dans la nuit de dimanche à lundi la libération des trois Français enlevés le 28 mai.

Mais selon un médiateur tribal, ils ont en fait été relâchés plusieurs jours auparavant et transférés l'un après l'autre à Oman. Leur libération n'a été annoncée qu'après l'arrivée du dernier otage au sultanat d'Oman.

Le président français Nicolas Sarkozy avait «remercié chaleureusement le sultan d'Oman et les autorités omanaises pour leur aide déterminante, ainsi que toutes les personnes ayant contribué à cet heureux dénouement».

Fin septembre, Washington avait également remercié le sultan Qabous pour la médiation d'Oman dans la libération des deux randonneurs américains détenus alors en Iran sous l'accusation d'espionnage.

Oman avait alors payé une caution de 400 000 dollars réclamée par la justice iranienne pour chacun des randonneurs, selon l'avocat de ces Américains en Iran.

Une rançon aurait été payée pour la libération des trois Français, ont indiqué des sources tribales et de sécurité.

Mais le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero, a assuré que la France n'avait pas payé de rançon.

«Nous ne payons pas de rançon», a-t-il déclaré lors d'un point de presse.

A Lyon (centre-est de la France), un responsable de Triangle Génération Humanitaire a confié ne pas avoir «imaginé un dénouement aussi rapide».

«On n'imaginait pas un dénouement aussi rapide», a déclaré à la presse le co-directeur de l'ONG, Christian Lombard.

Après la disparition de ses trois employés, l'ONG avait suspendu ses programmes au Yémen en proie à une vague de violences liées à un mouvement de contestation du régime et à un regain d'activité d'Al-Qaïda dans le Sud.

Le Yémen est le théâtre de fréquents enlèvements d'étrangers par des tribus. Plus de 200 d'entre eux y ont été enlevés ces 15 dernières années et la grande majorité ont été libérés sains et saufs.