Trente civils ont été tués vendredi en Syrie par les forces de l'ordre, alors que l'opposition au président Bachar al-Assad a appelé à manifester en faveur d'une zone d'exclusion aérienne pour mettre fin à la répression sanglante. Les forces de sécurité ont tiré à balles réelles pour disperser des manifestations à Homs et à Hama, deux foyers de la contestation du régime dans le centre du pays.

«Douze civils ont été tués dans divers quartiers de la ville de Hama, 20 autres dans la ville de Homs et un civil à Qousseir, dans la région de Homs», théâtre depuis plusieurs semaines d'opérations de l'armée, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Deux civils ont également été tués et dix autres blessés par les tirs des forces de sécurité à Tsil, dans la province de Deraa (sud).

Plusieurs manifestations ont eu lieu à Homs après la prière du midi, en particulier dans le quartier de Deir Balaa, où près de 20 000 personnes ont défilé appelant à la chute du régime, selon des militants.

Et des affrontements ont lieu à Hama entre des déserteurs présumés et des membres des forces de l'ordre.

Dans le nord-ouest, les forces armées et de sécurité ont procédé à des perquisitions dans le village de Kafrouma, dans la province d'Idleb, près de la frontière turque, arrêtant 13 personnes, dont une femme et son fils de 12 ans, a ajouté l'OSDH, basé au Royaume-Uni.

Dans la même région, «les funérailles d'un soldat déserteur se sont transformées à Maaret al-Nomaane en une importante manifestation» contre le régime, selon la même source.

Les militants pro-démocratie avaient appelé sur leur page Facebook à manifester vendredi en faveur d'une «zone d'exclusion aérienne», à l'image de la Libye, dans l'espoir que cela mette fin à la répression menée par le régime de M. Assad, qui a fait 3000 morts depuis le début mi-mars de la contestation.

«Nous appelons la communauté internationale à imposer une zone d'exclusion aérienne afin de permettre à l'«armée syrienne libre» d'oeuvrer avec plus de liberté», ont-ils expliqué sur Facebook.

L'«Armée syrienne libre» est une force d'opposition armée dont la création a été annoncée en juillet par le colonel Riad al-Assad, qui a déserté et s'est réfugié en Turquie. Les défections et les affrontements entre soldats de l'armée régulière et déserteurs se sont multipliés ces dernières semaines.

À Damas, malgré un déploiement massif des forces de sécurité, des dizaines de jeunes ont défilé pour la liberté dans le quartier de Barzé. Plus de 40 d'entre eux ont été arrêtés, selon l'OSDH.

Selon les Comités de coordination locaux (LCC), qui chapeautent les manifestations sur le terrain, des agents de sécurité ont encerclé les mosquées dans le quartier historique de Salhié, en plein coeur de la capitale, pour empêcher les manifestations.

En Syrie, les rassemblements anti-Assad ont en général lieu à la sortie des mosquées après la prière, en particulier le vendredi.

Au niveau international, l'ambassadeur de France à l'ONU, Gérard Araud, a déclaré jeudi que les 15 pays membres du Conseil de sécurité pourraient se retrouver pour une nouvelle action visant la Syrie.

«Nous sommes tous horrifiés par ce qui se passe en Syrie. Toutes les promesses de réforme ne mènent à rien», a dit M. Araud devant la presse.

Début octobre, le veto de la Chine et de la Russie avait pourtant empêché une résolution menaçant Damas de «mesures ciblées».

La Chine a appelé le régime du président Assad à accélérer les réformes. L'émissaire spécial chinois pour le Proche-Orient, Wu Sike, qui a effectué une visite à Damas, a appelé jeudi à «mettre fin à tous les actes de violence et à l'effusion de sang et à mener des réformes par le biais du dialogue et des voies pacifiques».

La Lituanie a annoncé vendredi avoir interdit le survol de son territoire par des avions syriens à destination et en provenance de l'enclave russe de Kaliningrad, craignant qu'ils ne soient utilisés pour transporter du matériel militaire.

Et l'Espagne a convoqué vendredi l'ambassadeur de Syrie à Madrid pour dénoncer le harcèlement et les intimidations dont plusieurs opposants syriens vivant en Espagne se disent victimes de la part de l'ambassade.