Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou est disposé à un gel limité de la colonisation en Cisjordanie afin de favoriser la reprise des négociations avec les Palestiniens, rapporte vendredi le quotidien Haaretz.

Mais l'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas, estimant cette proposition très insuffisante, a réitéré sa demande d'arrêt total de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est avant de reprendre les pourparlers de paix au point mort depuis plus d'un an.

Selon le Haaretz, citant un haut responsable israélien anonyme, M. Nétanyahou serait d'accord pour «geler la construction des bâtiments publics et sur les terres domaniales».

En revanche, le premier ministre israélien n'a aucunement l'intention de stopper la construction «par des promoteurs privés sur des terres appartenant à des particuliers», ajoute le journal.

Selon une récente étude palestinienne, la plupart (80%) des implantations israéliennes en Cisjordanie sont installées sur des terres privées.

Interrogé par l'AFP, Mark Regev, porte-parole de M. Nétanyahou, a souligné que «la position du premier ministre n'a pas changé: il est prêt à des négociations directes de paix avec l'Autorité palestinienne sans condition préalable».

Côté palestinien, le négociateur Saëb Erakat a accusé M. Nétanyahou de «porter seul la responsabilité de la démolition du processus de paix». «Il a choisi les colonies plutôt que la paix», a-t-il répété.

Pour reprendre les négociations, les Palestiniens réclament un gel de la construction en Cisjordanie et à Jérusalem-Est annexée, auquel se refusent les Israéliens, et demandent que toute discussion soit basée sur les lignes du 4 juin 1967, c'est-à-dire incluant la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem-Est dont ils veulent faire leur capitale.

«Nous voulons entendre officiellement du gouvernement israélien qu'il accepte d'arrêter la colonisation dans tous les territoires palestiniens, y compris à Jérusalem, et de reconnaître les frontières de 1967», a déclaré M. Erakat à l'AFP.

«Le gouvernement israélien sait fort bien comment nous contacter officiellement. Pour le moment, personne ne nous a rien dit», a-t-il ajouté.

Selon le Haaretz, la nouvelle proposition israélienne a été transmise mercredi à M. Abbas via la ministre colombienne des Affaires étrangères Maria Angela Holguin en visite à Ramallah (Cisjordanie).

M. Abbas s'est rendu très récemment en Colombie, membre non permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, pour tenter d'obtenir, en vain, un soutien à sa demande de reconnaissance d'un État de Palestine aux Nations unies.

Mme Holguin a agi en tant qu'émissaire du président colombien Juan Manuel Santos dans un effort de médiation visant à relancer le processus de paix, suspendu depuis le refus d'Israël de prolonger un moratoire de la colonisation en Cisjordanie fin septembre 2010.

Toujours d'après le Haaretz, les efforts de médiation de la Colombie, qui entretient d'étroites relations avec Israël, ont reçu l'aval de la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton.

Aux yeux de la communauté internationale, les colonies sont illégales, qu'elles aient ou non été autorisées par le gouvernement israélien.

Quelque 310 000 colons sont installés en Cisjordanie, ainsi que plus de 200 000 Israéliens dans des quartiers de colonisation juive à Jérusalem-Est occupé et annexé.