Trois personnes ont été tuées et 15 autres blessées dans un attentat survenu mardi dans le centre d'Ankara, a déclaré le ministre turc de l'Intérieur Idris Naim Sahin, évoquant une attaque «terroriste».

«Trois personnes ont perdu la vie. Il y a aussi 15 blessés, dont cinq grièvement touchés», a-t-il indiqué à la presse.

Le ministre a dit qu'il s'agissait «fort probablement» d'une attaque «terroriste», terme employé par les autorités turques pour désigner les actes des rebelles kurdes.

Des procureurs de la branche antiterroriste du parquet d'Ankara ont conclu également au fait qu'il s'agissait d'une attaque de nature «terroriste», selon les chaînes de télévision.

Une puissante explosion s'est produite vers 8h30 GMT (4h30, heure de Montréal) dans le quartier commerçant de Kizilay, dans le coeur de la capitale turque, fréquenté chaque jour par des dizaines de milliers de gens, et a été entendue à des kilomètres à la ronde, provoquant un mouvement de panique.

Le chef de l'État Abdullah Gül, en visite en Allemagne, a lui aussi parlé d'une attaque «terroriste perpétrée par des gens inhumains», a rapporté l'agence de presse Anatolie.

Ankara est la deuxième ville de Turquie après Istanbul et compte plus de quatre millions d'habitants.

De nombreuses ambulances ont été dépêchées sur les lieux de l'explosion qui ont été bouclés par la police.

Les chaînes de télévision ont fait état de blessés ayant eu des membres arrachés.

L'explosion a eu lieu devant un bâtiment officiel, la sous-préfecture de Cankaya, plus grand district d'Ankara. D'autres bâtiments publics, comme celui de la Cour de cassation, ainsi que des arrêts de bus sont également situés à proximité.

La déflagration a endommagé six véhicules et brisé les vitres de nombreux bâtiments aux alentours.

M. Sahin a indiqué qu'une première grande explosion avait eu lieu dans une voiture, provoquant un incendie qui s'est propagé ensuite à d'autres véhicules garés à proximité, ce qui renforcerait la thèse d'un attentat à la voiture piégée évoquée par le vice-premier ministre Bülent Arinç.

«Une voiture a pris feu, selon les informations il y avait une bombe à l'intérieur», a-t-il indiqué.

Les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mènent depuis 27 ans des actions armées, ont, par le passé, engagé de telles attaques dans les grandes villes turques.

C'est généralement un groupe kurde armé, les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), organisation liée au PKK, selon les autorités turques, qui revendique les attaques dans les zones urbaines.

Les autorités turques affirment que cette organisation sert de prête-nom au PKK quand celui-ci commet des attentats pouvant encourir la désapprobation populaire, notamment quand des civils sont tués.

Le PKK rétorque que les TAK sont constitués d'éléments incontrôlés ayant quitté ses rangs.

L'explosion de mardi intervient alors que la Turquie menace de lancer une incursion terrestre dans le nord de l'Irak contre les bases du PKK qui a multiplié depuis le début de l'été ses attaques dans le sud-est anatolien, théâtre habituel de ses opérations.

L'aviation turque a bombardé à plusieurs reprises depuis le 17 août la montagne irakienne où seraient retranchés environ 2000 combattants de ce mouvement qualifié de «terroriste» par de nombreux pays.