Israël pense pouvoir neutraliser sans effusion de sang la deuxième flottille internationale pour Gaza, se targuant du succès de sa campagne diplomatique pour en limiter la taille, mais craint qu'un «noyau d'extrémistes» ne soit à bord des navires.

«Nos ambassadeurs et nos diplomates ont eu des centaines de discussions, et en fin de compte le nombre des navires et des passagers est moindre que prévu», s'est félicité le chef de la diplomatie israélienne Avigdor Lieberman.

«Neuf ou dix» bateaux, dont deux cargos transportant 3000 tonnes d'aide humanitaire (médicaments, ambulance, ciment), sont censés appareiller «jeudi ou vendredi» de Crète (sud de la Grèce).

La flottille devrait rassembler 350 militants pro-palestiniens originaires de 22 pays, des députés français, suédois, norvégiens et espagnols, des artistes, des écrivains, dont l'auteur de romans policiers suédois Henning Mankell, ainsi que 30 à 50 journalistes.

Initialement, les organisateurs avaient annoncé la mobilisation d'une vingtaine de bateaux et de 1500 militants.

L'opération, qui a pour objectif de briser le blocus de Gaza imposé depuis cinq ans par Israël, se veut pacifique.

Mais, selon M. Lieberman, «il y a parmi ceux qui s'obstinent à monter à bord de plusieurs navires un noyau d'extrémistes liés au terrorisme qui cherchent délibérément la violence et à verser le sang pour capter l'attention des chaînes de télévision».

«Je pense que nous serons en mesure de leur faire face», a toutefois ajouté le ministre des Affaires étrangères.

Lundi, le lieutenant-colonel Avital Leibovitz, porte-parole de l'armée, a assuré qu'il y avait «des éléments radicaux à bord du bateau américain qui ont affirmé vouloir tuer des soldats israéliens», faisant apparemment allusion à des islamistes proches du mouvement palestinien Hamas qui contrôle Gaza.

«Nous savons aussi qu'un des bateaux transporte des produits chimiques incendiaires dangereux», a ajouté cette porte-parole. Il s'agirait d'une cargaison d'engrais, comportant du soufre utilisable pour la confection d'explosifs, d'après les médias israéliens.

Parlant de «provocation» à propos de la flottille, le ministre de la Défense, Ehud Barak, a donné pour consigne à l'armée de «tenter d'éviter des confrontations», mais il a répété que «l'accès à Gaza serait interdit aux bateaux».

Selon les autorités israéliennes, «il est possible d'apporter de l'aide à Gaza via les ports d'Ashdod (Israël) et d'El-Arish (Egypte) ou via l'ONU».

La télévision israélienne a diffusé des images des moyens dont l'armée dispose pour stopper la flottille, notamment un canon à eau hyperpuissant.

Un des organisateurs grecs de la flottille a indiqué que l'un des navires avait subi des dégâts importants lundi soir à Athènes. Il a affirmé qu'il s'agissait d'un acte de «sabotage».

La plupart des pays concernés, à commencer par les États-Unis, la France et la Grèce, ont déconseillé toute participation à leurs ressortissants.

En mai 2010, une première tentative de s'approcher des côtes de la bande de Gaza a coûté la vie à neuf personnes après un assaut des commandos de marine israéliens contre le ferry turc Mavi Marmara qui portait le pavillon de navire amiral de la petite armada.

Israël avait essuyé une vague de réprobation internationale et vu ses relations avec Ankara, ex-allié régional «stratégique», plonger au plus bas.