Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a laissé entendre lundi soir qu'il ne limogerait aucun de ses ministres, à la veille du terme de la période de 100 jours qu'il leur avait accordée pour prouver leur valeur, sur fond de contestation sociale en Irak.

Ces propos tranchent avec l'engagement qu'il avait pris en février d'évaluer l'ensemble de son équipe à l'issue de ces 100 jours, en affirmant alors que des «changements» auraient lieu sur la base des échecs et des réussites de chacun des membres de son gouvernement.

«Il y a ceux qui cherchent à dénaturer le concept de cette initiative», a déclaré M. Maliki dans un discours retransmis par la chaîne publique Iraqiya.

«Nous pensons qu'ils veulent inciter les gens à forcer les ministres à rendre des comptes sur certaines choses qui prennent naturellement davantage de temps», a ajouté le chef du gouvernement.

L'Irak a connu en début d'année ses plus importantes manifestations depuis la chute du régime de Saddam Hussein en 2003, et des milliers d'Irakiens inspirés par la contestation dans les autres pays arabes ont conspué l'inefficacité de la classe politique, fustigeant le chômage, la corruption et le manque de services publics.

C'est dans ce contexte que M. Maliki avait annoncé le 27 février le délai des 100 jours, considéré alors comme un effort pour obtenir des réalisations concrètes des ministres.

Mais lundi soir, M. Maliki a affirmé que les ministres réalisaient ce qu'ils pouvaient.

«Le projet des 100 jours a permis de lancer des initiatives pour répondre à des problèmes à court terme», a-t-il dit, annonçant qu'à partir de mardi, les ministres viendraient expliquer lors de réunions retransmises à la télévision ce qu'ils ont accompli, ce qu'il leur reste à accomplir et les obstacles qu'ils doivent franchir.

«Chaque ministre a un plan de quatre ans et expliquera le chemin qu'il compte suivre dans les 100 prochains jours», a-t-il dit.

Ces trois derniers mois, le gouvernement, qui a multiplié les visites de terrain très médiatisées, a lancé des chantiers de voirie, signé des contrats de construction de logements et annoncé un projet de subvention du carburant pour les générateurs privés palliant la grave pénurie de courant.

Mais aucun progrès n'a été fait sur certaines questions cruciales pour l'avenir de l'Irak, parmi lesquelles le dossier politiquement très sensible d'un éventuel report du retrait des forces américaines, prévu à la fin de l'année, ou encore l'avenir des territoires disputés entre Bagdad et la région autonome du Kurdistan.

Faute d'avancée palpable sur la question de l'électricité, le sud de l'Irak pourrait connaître avec le retour des grandes chaleurs de nouvelles émeutes meurtrières, comme en juin 2010.

De nouvelles manifestations contre le gouvernement sont d'ores et déjà prévues vendredi en Irak, à l'initiative notamment d'un groupe sur Facebook, intitulé «La grande révolution irakienne», qui compte 35 000 membres.