Une trentaine d'ONG travaillant en Afghanistan ont appelé vendredi les pays de l'OTAN à prendre des «mesures urgentes» pour mieux protéger les civils, en s'inquiétant notamment des exactions dont sont accusées les forces afghanes entraînées par l'alliance.

Cet appel intervient le jour de l'ouverture à Lisbonne d'une conférence des pays de l'OTAN consacrée en grande partie à l'Afghanistan, et notamment au calendrier de la transition au cours de laquelle ils doivent transférer la responsabilité de la sécurité du pays à l'armée et à la police locales.

 

Dans leur communiqué, ces 29 organisations humanitaires, dont Oxfam, Afghanaid et la Commission afghane des droits de l'Homme, «appellent l'OTAN à placer la protection des civils au coeur de sa stratégie de transition».

«Des civils sont plus que jamais blessés et tués et la sécurité de l'Afghanistan est plus instable qu'au cours de ces neufs dernières années», soulignent ces ONG, craignant que «la violence ne continue à s'accroître en 2011» si «des mesures urgentes ne sont pas prises dès maintenant».

Elles demandent notamment à l'OTAN d'améliorer la formation et le suivi des forces de sécurité afghanes «pendant la période de transition», qui doit en principe s'achever à la fin 2014 selon la communauté internationale.

Ces dernières sont en effet accusées de multiples abus sur des civils, et«il y a un grand risque» qu'elles «commettent des exactions à grande échelle, allant du vol et de l'extorsion jusqu'à la torture et aux assassinats indiscriminés», note Ashley Jackson, une responsable d'Oxfam en Afghanistan.

«Les États membres de l'OTAN qui forment, conseillent, financent et arment ces forces afghanes portent collectivement la responsabilité d'éviter de tels abus, mais, jusqu'à présent, nous n'avons vu que peu d'actions sur le terrain», regrette-t-elle.

Dans leur rapport, sombrement intitulé «Nulle part où aller -L'échec de la protection des populations civils en Afghanistan», les ONG dénoncent la mauvaise qualité de la formation des soldats et policiers afghans et l'absence de mécanisme efficace permettant l'enregistrement des plaintes et de suivre les cas de morts civiles causées par leurs opérations.

Or pour ces ONG, l'OTAN doit remédier à cette situation pour pouvoir réussir sa stratégie de transition.

«Les récentes révélations des abus commis par les forces de sécurité afghanes et les milices doivent être considérées comme une sonnette d'alarme. Il est encore temps de mettre en place un contrôle adéquat afin d'éviter une telle situation. Mais l'OTAN doit agir dès maintenant», ajoute Ashley Jackson.

Les ONG implorent également l'OTAN d'«abandonner les projets dangereux» comme la formation de «milices communautaires» recrutées localement pour aider à combattre les talibans, qu'elles jugent incontrôlables.

Elles demandent également à la rébellion des talibans de faire tout son possible pour réduire le nombre de victimes civiles.

Près de 150 000 soldats américains et de l'OTAN sont actuellement déployés en Afghanistan pour soutenir le gouvernement face à la rébellion menée par les talibans, qui a gagné du terrain ces dernières années malgré l'envoi régulier de renforts occidentaux, notamment américains.