Les pays arabes et non alignés ont demandé mercredi à l'ONU de soutenir leur demande qu'Israël et les Palestiniens ouvrent des enquêtes sérieuses sur les violations du droit international commises lors du conflit de Gaza l'hiver dernier.

Le groupe arabe, soutenu par les non-alignés, a déposé à cette fin un projet de résolution à l'Assemblée générale qui doit venir au vote à l'issue d'un débat, où au moins 43 orateurs devaient s'exprimer.

Selon plusieurs diplomates, le vote ne devait pas avoir lieu avant jeudi, voire vendredi, des négociations étant en cours entre Arabes et Européens sur certains passages du texte.

Celui-ci est basé sur les conclusions controversées du rapport du juge sud-africain Richard Goldstone, qui accuse Israël et les Palestiniens de «crimes de guerre» et de «possibles crimes contre l'humanité» lors de l'offensive militaire israélienne à Gaza en décembre-janvier.

Ce rapport recommande la saisine de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye si Israël et le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle Gaza, n'effectuent pas dans les six mois des enquêtes crédibles sur la manière dont le conflit a été mené.

L'adoption de la résolution, à la majorité absolue des votants à l'Assemblée qui compte 192 Etats membres, ne fait guère de doute. Mais selon des diplomates, le groupe arabe, souhaitant le plus large soutien possible, tente d'obtenir un vote positif plutôt qu'une abstention, de la part des Européens.

Or ceux-ci refusent que la résolution «approuve» le rapport Goldstone, qu'ils estiment déséquilibré en défaveur d'Israël, préférant qu'elle en «prenne note».

Ils s'opposent aussi à un passage exprimant la volonté de l'Assemblée de faire le point au bout de trois mois sur l'application de la résolution, «en se réservant la possibilité de saisir d'autres organes pertinents de l'ONU, dont le Conseil de sécurité».

Pour des raisons variées, ni les Européens, ni les Etats-Unis ni la Russie ne sont en effet favorables à une action du Conseil de sécurité sur cette question.

Pour l'essentiel, le projet de résolution demande à Israël et aux Palestiniens d'ouvrir dans les trois mois des enquêtes «indépendantes, crédibles et conformes aux critères internationaux» sur les «graves violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme dont fait état le rapport» Goldstone.

Les résolutions de l'Assemblée générale n'ont pas le caractère contraignant de celles du Conseil de sécurité mais n'en ont pas moins un poids moral, car elle représentent les vues de la majorité des Etats du monde.

Au nom des non-alignés, l'ambassadeur d'Egypte Maged Abdelaziz a estimé «impératif que l'Assemblée générale démontre sans équivoque son engagement pour les droits de l'homme et la protection des civils tant du côté palestinien que du côté israélien», en votant la résolution.

Israël, qui avait lancé une offensive en réponse à des tirs de roquettes sur son territoire à partir de Gaza par les militants palestiniens, juge le rapport Goldstone «inique, saugrenu et unilatéral».

L'Etat hébreu, qui mène une campagne diplomatique tous azimuts contre le rapport, craint qu'il finisse devant le Conseil de sécurité puis la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, qui pourrait engager des poursuites contre ses hauts responsables militaires ou politiques.

Son ambassadrice, Gabriela Shalev, a de nouveau rejeté le rapport qui selon elle dénie à Israël le droit de se défendre contre le terrorisme. Elle a également critiqué le bien-fondé du débat à l'Assemblée générale de l'ONU, où existe historiquement une large majorité pro-palestinienne.