Les forces de sécurité étaient montrées du doigt lundi après un double attentat ayant fait une centaine de morts à Bagdad, alors que se réunissaient les trois principaux dirigeants du pays pour fixer l'organisation des élections générales prévues le 16 janvier.

«Il s'agit d'une faute humaine. Une caméra fixée sur le bâtiment du ministère de la Justice (visé par l'attaque) a filmé l'attentat suicide. C'était un camion Renault blanc de la compagnie d'eau de Falloujah. Comment a-t-il pu arriver jusqu'ici et passer tous les barrages?», a affirmé à l'AFP le gouverneur de Bagdad. «Un camion n'est pas autorisé à venir en ville dans la journée et encore moins ici. Il s'agit ou d'une négligence (des services de sécurité) ou que le chauffeur bénéficiait de complicité. L'enquête doit nous le dire», a souligné Salah Abdel Razak qui visitait les lieux des attaques.

La ville sunnite de Falloujah, à 60 km à à l'ouest de Bagdad, fut longtemps la place forte de l'insurrection et notamment d'Al-Qaeda.

Selon lui, dans le second attentat, qui visait le siège du gouvernorat de Bagdad, c'est un minibus Kia qui a explosé. «Au moins 12 employés ont été tués, notamment des gardes», a-t-il dit.

Le double attentat de dimanche a fait 99 morts et plus de 500 blessés. Il s'agit du bilan le plus meurtrier depuis plus de deux ans en Irak, où quatre attentats visant une secte religieuse kurde avaient fait 400 morts dans la province de Ninive (nord) le 14 août 2007.

Le gouverneur a affirmé que «dès dimanche soir, les mesures de sécurité ont été passées en revue et elles vont être accrues. Nous allons mettre en place des sonars mobiles et 300 appareils de détection des explosifs. Il va falloir aussi fermer certaines routes menant aux ministères à Salhiya» dans le centre de Bagdad.

C'est également dans ce quartier qu'avait eu lieu le 19 août l'attentat contre le ministère des Affaires étrangères.

Le général Mohammad al-Askari, porte-parole du ministère de la Défense, a pour sa part annoncé à l'AFP l'arrestation de «plusieurs personnes impliquées dans les attentats».

«Les informations que nous possédons confirment l'implication d'Al-Qaeda et des baassistes dans l'attaque de dimanche», a-t-il assuré.

«Nous avons perquisitionné deux maisons, dans deux quartiers de Bagdad, et nous avons trouvé les produits chimiques qui ont servi aux attentats et ils venaient d'un pays voisin», a-t-il dit sans préciser lequel. Il a cependant confié qu'il s'agit du même matériel utilisé le 19 août.

Lundi, les membres de la Défense civile travaillaient d'arrache-pied à la recherche d'autres victimes. «Des familles nous disent qu'ils ignorent le sort de leurs proches, c'est notre devoir de les retrouver», a confié le général Walid Hamid, chef de la Défense civile de Bagdad.

«Nous avons trouvé deux nouveaux corps ce matin: l'un avait été écrasé par un mur de protection en béton et au premier étage une main sortait des gravas. En dégageant les décombres, nous avons trouvé un employé mort», a indiqué à l'AFP le colonel Khalil Ibrahim, responsable de la sécurité du ministère de la Justice.

«Malheureusement je pense que nous risquons de trouver d'autres victimes. Ils ont choisi le dimanche car c'est jour d'affluence chez nous. Des Irakiens de tout le pays viennent chercher des papiers après le week-end», dit-il.

Dans la crèche au rez-de-chaussée de l'immeuble dévasté, un biberon éclaboussé de sang est abandonné, des lits ont été fracassés et des jouets sont désarticulés. «Nous accueillons ici les nourrissons jusqu'à l'âge de trois ans. Il y en avait 16. Six sont morts et dix ont été blessés. Je ne sais pas s'ils sont encore vivants», explique le colonel Ibrahim.

Par ailleurs, le président Jalal Talabani (un Kurde), le premier ministre Nouri al-Maliki (chiite) et le président du Parlement (sunnite) Iyad al-Samarraï doivent se rencontrer en soirée pour parvenir à une décision finale sur les amendements de la loi électorale afin de les envoyer au Parlement», a indiqué un communiqué de la Présidence.