Le président israélien Shimon Peres, pris d'un bref malaise samedi soir à l'âge de 86 ans, est l'un des derniers pères fondateurs d'Israël, présent sur le devant de la scène politique depuis plus d'un demi-siècle.

Cet éternel battant est un homme qui soigne sa santé. Il a confié un jour que le secret de sa longévité consistait à pratiquer quotidiennement la gymnastique, à manger peu et à boire un ou deux verres de bon vin.

Bien que sa nouvelle fonction soit essentiellement protocolaire, il joue depuis plusieurs mois un rôle important comme représentant du gouvernement de droite de Benjamin Netanyahu, usant de son aura internationale.

Figure historique du Parti travailliste, parti fondateur d'Israël, il n'hésitera pas à le quitter pour rallier la formation centriste Kadima afin, selon lui, de promouvoir la paix, qu'il affirme être le but de sa vie.

Ce faisant, il rendait hommage au passage à David Ben Gourion, le «vieux lion» fondateur de l'Etat hébreu, qui, en le prenant en auto-stop alors qu'il avait 25 ans, le propulsa vers son fabuleux destin.

«J'ai appris de mon maître, David Ben Gourion, de toujours préférer l'Etat au parti», a-t-il affirmé en changeant de cap, au soir de sa vie.

Shimon Peres est l'un des derniers représentants d'une génération de dirigeants qui ont fait leurs premières armes à la création de l'Etat d'Israël en 1948.

Il a pratiquement exercé toutes les fonctions ministérielles au cours d'une impressionnante carrière politique: deux fois chef du gouvernement, ministre des Affaires étrangères, de la Défense, des Finances, de l'Information, des Transports ou de l'Intégration.

Classé parmi les «faucons» travaillistes, M. Perès a cautionné, alors qu'il était ministre de la Défense dans les années 1970, les premières colonies juives en Cisjordanie occupée.

Par la suite, il s'est acquis une réputation de «colombe» en jouant un rôle moteur dans les accords d'Oslo conclus avec le leader palestinien Yasser Arafat en 1993, alors qu'Yitzhak Rabin, le Premier ministre de l'époque, était encore très sceptique.

En guise de reconnaissance, Shimon Peres, longtemps prophète d'un «nouveau Proche-Orient» censé devenir un havre de paix et de prospérité, a obtenu en 1994 le prix Nobel de la paix qu'il partagea avec Yitzhak Rabin et Yasser Arafat.

Shimon Peres a fait preuve d'une ténacité politique à toute épreuve. Il détient sans doute un record des défaites électorales après ses échecs aux législatives de 1977, 1981, 1984, 1988 et 1996, si bien qu'une image d'«éternel perdant» lui colle à la peau. Mais après chacun de ces K.O., il s'est relevé pour reprendre le combat, qu'il continue jusqu'à ce jour.

Né à Vishneva (Pologne) en 1923, il a 11 ans lorsqu'il immigre en Palestine.

A 29 ans, quatre ans après sa rencontre avec Ben Gourion, il est directeur général du ministère de la Défense. Israël lui doit ses puissantes entreprises d'armements, ses industries aéronautiques. Selon les experts étrangers, c'est également le «père» du programme nucléaire israélien qui a fait de l'Etat hébreu la sixième puissance atomique dans le monde.

Marié, M. Peres est plusieurs fois grand-père.