La Haut commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme Navi Pillay s'est inquiétée vendredi dans un communiqué du «nombre croissant d'arrestations, peut-être menées en dehors du cadre légal» en Iran où se poursuit la contestation du résultat du scrutin présidentiel.

La Haut commissaire s'est également préoccupée «de la possibilité de recours excessif à la force et d'actes de violence par des membres de milices à la suite des élections présidentielles».

Mme Pillay a indiqué craindre que la situation ne dégénère en «une grande tragédie» si les forces de maintien de l'ordre officielles et officieuses agissent en dehors du cadre légal.

La Haut commissaire a rappelé que les libertés d'expression et de réunion sont des droits fondamentaux, et a «salué la conduite très largement pacifique et digne de ceux qui ont participé aux grandes manifestations» à Téhéran.

«Les bases légales des arrestations qui ont eu lieu, notamment à l'encontre de défenseurs des droits de l'homme et de militants politiques, ne sont pas claires», a relevé Mme Pillay en critiquant le fait que certaines des personnes arrêtées n'ont pas pu avoir accès à un avocat ou entrer en contact avec leur famille.

«Il semble qu'il y a eu plusieurs centaines» d'arrestations, entre «défenseurs des droits de l'homme, journalistes, et leaders de partis politiques», a indiqué à la presse un porte-parole du Haut commissariat de l'ONU pour les droits de l'homme, M. Rupert Colville.

«Nous ne pouvons pas préciser le nombre (d'arrestations) car nous n'avons pas de bureau en Iran», a ajouté le porte-parole. «Nous manquons particulièrement d'information sur ce qui se passe en province», a-t-il dit.

Cinq experts de l'ONU sur la liberté d'opinion, la protection des défenseurs des droits l'homme, sur les détentions arbitraires, les exécutions extra-judiciaires et la torture ont apporté leur soutien à Mme Pillay.

«Nous sommes profondément préoccupés par les récentes arrestations, et le recours excessif à la force policière contre les partisans de l'opposition peuvent constituer une tentative d'étouffer les libertés de réunion et d'expression», ont-ils dit dans un communiqué conjoint.

«J'exhorte les autorités iraniennes à assurer le respect de la procédure adéquate car, sinon, cela peut susciter un sentiment d'injustice», a ajouté la Haut commissaire Navi Pillay.

Elle s'est déclarée plus particulièrement préoccupée par les informations concernant des «actes de violence commis par des membres la milice Basij».

«J'appelle fermement les autorités à s'assurer que les forces officielles et semi-officielles agissent en stricte conformité avec la loi et que les services de maintien de l'ordre n'ont pas recours à des actes illégaux de violence», a insisté la Haut commissaire.

«S'il apparaît que (ces services et milices) agissent en dehors du cadre légal, cela peut provoquer une sérieuse aggravation de la situation en termes de sécurité, ce qui serait une grande tragédie et n'est dans l'intérêt de personne», a encore averti Mme Pillay.