A 29 ans, et après trois déploiements en Irak, le caporal Nathanael Wrigglesworth, du Régiment royal de la Princesse de Galles, est soulagé de partir et n'a pas forcément envie de revoir Bassorah.

«J'espère que ce pays restera calme même après que le dernier soldat britannique l'aura quitté, car franchement aucun de nous n'a envie de revenir», assure ce soldat originaire de Southampton (sud).

Le caporal Wrigglesworth, qui a embrassé il y a 13 ans la carrière militaire, et ses camarades sont ravis que cette dernière mission se soit déroulée quasiment sans incident, signe d'une amélioration de la sécurité.

«Quand nous sommes venus il y a cinq ans, nous ignorions quand l'ennemi nous attaquerait alors qu'aujourd'hui notre préoccupation est de savoir si les gars vont avoir assez de DVD à regarder sur leur ordinateur», dit-il en riant dans sa base située à Bassorah, à 550 km au sud de Bagdad.

Les soldats du premier bataillon des Royal Marines de Sa Majesté, surnommés les «Tigres blindés», se promènent autour du camp en tongs et chapeaux du désert, alors qu'autrefois gilets pare-balle et casques étaient obligatoires.

En comparaison de son premier déploiement en 2004, l'atmosphère est décontractée, assure le soldat Johnson Beharry, décoré de la Victoria Cross, la plus haute distinction militaire, pour avoir sauvé à deux reprises ses camarades lors d'embuscades près d'Amara, plus au nord.

«Durant cette mission, nous ne sommes sortis que quatre fois sur le terrain. Les Irakiens mènent maintenant seuls leurs propres opérations et c'est tant mieux. Il est temps que nous les laissions se débrouiller seuls», assure Wrigglesworth.

Le 1re classe Simon Coray, 23 ans, de Wapping dans l'est de Londres, croit aussi qu'il est temps pour les forces britanniques, qui ont perdu 179 hommes en Irak, de rentrer. La guerre l'a transformé, dit-il.

«Avant, j'étais un paumé, assure Coray, qui a rejoint l'armée en 2004. J'avais fait six boulots en six mois et ma mère a menacé de me mettre dehors, alors je me suis engagé. Je pensais qu'il fallait se débarrasser de Saddam d'une manière ou d'une autre et je suis content que nous partions maintenant».

Peu après son arrivée pour sa première rotation en 2006, il a été la cible de tirs lors d'une patrouille près de Bassorah, une expérience «inoubliable».

«Ils ont d'abord tiré sur le premier véhicule avec des armes légères et des RPG, c'était une embuscade très bien préparée», se rappelle ce soldat qui était chargé de la mitrailleuse lourde à bord du véhicule blindé.

«Je me rappelle des silhouettes sur les toits et cela a pris toute la nuit pour achever le boulot», ajoute-t-il.

Mark Canelle, chauffeur d'un véhicule blindé, est content que ce pays où il est venu pour la première fois il y a cinq ans se soit stabilisé. «L'armée irakienne est maintenant plus sure d'elle», assure ce soldat de 26 ans.

«J'ai effectué plusieurs patrouilles avec eux et ils s'améliorent. Ce n'est plus comme il y a quelques années où la violence était partout et je pense que nous avons beaucoup fait pour changer la situation», dit-il.

Mais le caporal Wrigglesworth pense déjà à l'Afghanistan où beaucoup de soldats britanniques craignent d'être envoyés. Après trois rotations en Irak, il n'est pas très enthousiaste à l'idée de repartir au combat.

«Les soldats qui ont servi en Irak ne veulent pas y aller mais il y a beaucoup d'excitation chez les jeunes, qui ne sont pas venus ici. Quant à moi, je ne dirais pas que je n'ai pas peur, mais après tout c'est mon boulot», assure-t-il.