Les forces irakiennes de sécurité ont pris jeudi le contrôle de la province de Babylone, au sud de Bagdad, où était situé le «triangle de la mort», symbole de l'insurrection anti-américaine puis des violences entre chiites et sunnites en 2006.

La cérémonie du transfert de la sécurité s'est déroulée à Hilla, capitale de la province, à 120 km au sud de Bagdad, alors que peu auparavant, un attentat avec pour cible le convoi d'un ministre irakien à Bagdad a fait 11 morts et 22 blessés.

«Aujourd'hui, les forces de sécurité de Babylone sont capables d'assurer la sécurité et nous sommes fiers de prendre le relais des forces américaines pour le contrôle de Babylone», a déclaré le conseiller irakien à la sécurité nationale Mouaffak al-Roubaïe, présent à la cérémonie avec le N.2 des forces américaines en Irak, le général Lloyd Austin.

Des unités de l'armée irakienne, des pompiers et policiers anti-émeute ont défilé devant les responsables irakiens et américains, ainsi que les chefs de tribus locaux.

Les forces spéciales irakiennes ont également participé à la parade en portant des photos de leurs camarades morts au combat.

Babylone est la 12e des 18 provinces d'Irak à repasser sous contrôle irakien.

«Je veux déclarer depuis Babylone que l'Irak prendra le contrôle de la province de Wassit dans les prochains jours», a par ailleurs annoncé le conseiller irakien à la sécurité nationale. Wassit, plus à l'est, est une région relativement calme dont Kout est la capitale.

A Babylone, le gouvernement irakien reprend le contrôle d'une région très symbolique, l'ancienne Mésopotamie, considérée comme l'un des berceaux de l'humanité avec ses ruines sumériennes (4.500 à 2.500 avant JC) où trône la statue du lion de Babylone, un des symboles nationaux.

Babylone avait été le théâtre d'attentats quotidiens sanglants en 2004, perpétrés par les groupes insurgés contre la coalition. Le «triangle de la mort» était ainsi né, faisant de cette région, toute proche de la capitale, l'un des endroits les plus dangereux d'Irak.

La population (1,3 million d'habitants) avait été ensuite prise en étau en 2006 et 2007 entre les forces régulières et les insurgés, sunnites plus ou moins proches d'Al-Qaïda au nord ou groupes armés chiites dans le reste de la province.

Des attentats avaient ainsi endeuillé la capitale Hilla, notamment en mars 2007, où deux kamikazes avaient tué 117 pèlerins chiites dans des attentats suicide.

La situation s'est améliorée, même si les violences restent présentes. Quinze Irakiens sont morts mardi dans des combats entre insurgés et tribus sunnites locales.

«Il y a encore un an, cette province avait l'habitude d'être frappée plus de 20 fois par semaine par des attentats. Aujourd'hui, ces attaques ont diminué de 80% et c'est proprement remarquable», a estimé le général Lloyd Austin.

Néanmoins, «nous continuerons à soutenir les forces irakiennes», a ajouté l'officier américain.

Les Américains sont restés cinq mois à Babylone, où se trouvaient les célèbres «Jardins suspendus», l'une des sept merveilles du monde. Ils ont laissé la place aux Polonais qui se sont retirés du site après 16 mois de présence.

En janvier 2005, le British Museum avait accusé les armées américaine et polonaise d'avoir provoqué d'«importants dégâts» à la cité antique depuis l'installation d'une base en avril 2003 après l'invasion de l'Irak.

Outre Babylone, les Irakiens assurent maintenant la sécurité à Al-Anbar, Missane, Mouthanna, Bassorah, Zi Qar, Najaf, Kerbala, Diwaniyah et les trois provinces kurdes de Dohouk, Souleimaniyeh et Erbil.

A Bagdad, un attentat à la voiture piégée contre le convoi du ministre du Travail Mahmoud Jawad al-Radi a fait 11 morts et 22 blessés. Le ministre, membre de l'Alliance unifiée irakienne (AUI, chiite) n'a pas été blessé mais trois de ses gardes du corps ont été tués, selon son ministère.