La grande fête musulmane de l'Aïd, qui marque la fin du ramadan, semble avoir inspiré le gouvernement afghan et les talibans. Hier, le chef de la diplomatie saoudienne a confirmé que le royaume wahhabite a récemment abrité les premiers pourparlers entre les deux camps rivaux.

Le ministre des Affaires étrangères de l'Arabie Saoudite, le prince Saoud Al-Fayçal, a dit hier que la rencontre a eu lieu à la demande du président afghan, Hamid Karzaï. Sous le regard du roi Abdullah, les émissaires du gouvernement afghan ont brisé le jeûne en compagnie de représentants des talibans à la fin du mois dernier dans la ville sacrée de la Mecque.

 

L'annonce du ministre saoudien vient confirmer les rumeurs qui circulaient depuis maintenant trois semaines au sujet du sommet entre belligérants afghans. Le 7 octobre dernier, après que le quotidien saoudien Asharq Al-Awsatm eut publié des informations sur une ronde de négociations qui auraient duré trois jours, le régime afghan tout comme les porte-parole des talibans avaient soit nié l'information, soit indiqué qu'aucune réconciliation n'était en vue.

Hier, lors d'une conférence de presse commune avec le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, en visite à Riyad, le prince Saoud Al-Fayçal a affirmé que la royaume wahabbite était prêt à jouer à nouveau aux médiateurs, mais qu'il ne le ferait pas dans n'importe quelle circonstance. «Si nous relevons une volonté des parties afghanes de régler les problèmes politiques, renoncer à la violence, déposer les armes et opter pour l'action politique, il y aura d'autres tentatives», a-t-il dit.

L'annonce de premiers pourparlers entre le gouvernement afghan et les talibans, très actifs dans le sud du pays, survient alors que le niveau de violence en Afghanistan atteint de nouveaux sommets. Selon un rapport récent du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, 2008 est à ce jour l'année la plus meurtrière dans le pays d'Asie centrale depuis l'invasion américaine en 2001. En août, les Nations unies avaient déjà répertorié plus de 980 atteintes à la sécurité afghane, allant des enlèvements aux attentats suicide.

Devant cette escalade incessante de la violence malgré la présence militaire de plusieurs pays occidentaux, plusieurs organisations internationales ont commencé à plaider au printemps en faveur de négociations entre le régime afghan actuel et les dirigeants des talibans. Le Conseil canadien pour la coopération internationale est de celles-là. En mars dernier, le Conseil, qui regroupe une trentaine d'organisations de lutte contre la pauvreté, a rédigé un rapport sur la question.

Jointe hier, l'auteure du rapport, Surendrini Wijeyaratne, note que l'annonce de premiers pourparlers est un pas dans la bonne direction, mais ajoute que les informations sont trop partielles pour conclure quoi que ce soit pour le moment.

«Si les premiers pourparlers freinent la violence, ce sera une bonne chose, mais pour que des négociations mènent véritablement à une paix durable, il faudra que d'autres acteurs soient aussi à la table des négociations, notamment les femmes et les victimes de la guerre civile afghane. Pas seulement les belligérants», croit-elle.