En un peu plus de deux semaines, un second représentant officiel du gouvernement afghan a été assassiné, mardi, à Kandahar.

Certains craignent que ce second assassinat ne représente une nouvelle tactique des talibans visant à déstabiliser la capitale de la province du sud du pays.Alors qu'il se rendait au travail, le directeur du ministère des Affaires sociales de la province de Kandahar a été abattu par deux hommes armés qui circulaient à moto, selon le porte-parole du gouverneur, Najib Pervaiz. Lors de l'attentat, le chauffeur de Dost Mohammed Arghestani a aussi été tué, et son garde du corps a subi des blessures.

Personne n'a encore revendiqué la responsabilité de l'attentat. M. Pervaiz affirme cependant que cet attentat s'apparente à l'assassinat de la policière la plus haut gradée du sud de l'Afghanistan, Malalai Kakar, survenu le 28 septembre. Des insurgés talibans avaient revendiqué la responsabilité de cet assassinat.

Il n'y a pas eu d'arrestation immédiatement après l'attentat de mardi. M. Pervaiz a indiqué qu'une enquête était en cours.

Deux récentes attaques avaient déjà incité les autorités à renforcer la sécurité autour des édifices gouvernementaux. En septembre, un attentat suicide aux quartiers généraux de la police de Kandahar avait causé la mort de deux agents. Trois mois plus tôt, une attaque à la prison de la ville avait tué neuf policiers et entraîné l'évasion de près de 900 détenus.

M. Pervaiz a soutenu que les attaques ciblées contre des employés du gouvernement pouvaient être le signe d'une escalade de la violence à Kandahar. «Ils changent leur stratégie», a-t-il affirmé.

Le porte-parole du gouverneur a dit croire qu'il n'était plus suffisant de surveiller les édifices et que les employés du gouvernement devraient désormais être mieux protégés.

A la tête du ministère des Affaires sociales de la province, Dost Mohammed Arghestani avait notamment la responsabilité du registre pour les chercheurs d'emploi et de l'aide aux handicapés.

Dans une déclaration conjointe, le brigadier-général Dennis Thompson, commandant de la Force interarmées à Kandahar, et Elissa Goldberg, la représentante du Canada dans la province, ont condamné l'attaque de mardi.

«Cet acte répréhensible démontre clairement le mépris des insurgés pour la population afghane», ont-ils soutenu.

Le sud de l'Afghanistan est le coeur de l'insurrection talibane et le théâtre de combats quotidiens. Plus de 4700 personnes - pour la plupart des militants - ont été tuées depuis le début de l'année dans le cadre d'une recrudescence de la violence.

Le ministre afghan de la Défense a fait valoir mardi que des combattants étrangers bien formés avaient pris la route de l'Afghanistan en raison des succès militaires des troupes américaines en Irak. Le général Abdul Rahim Wardak a dit croire que cela expliquait en partie l'augmentation de la violence en Afghanistan.

«Le succès des forces de la coalition en Irak et également d'autres enjeux dans des pays voisins ont rendu possible la présence accrue de combattants étrangers en Afghanistan, a déclaré M. Wardak en conférence de presse à Kaboul. Il n'y a pas de doute qu'ils sont mieux équipés qu'auparavant.»

Le plus haut commandant américain dans l'est de l'Afghanistan, le major-général Jeffrey Schloesser, avait exprimé une position semblable à l'Associated Press le mois dernier, soutenant que des sites Internet de militants encourageaient des combattants à se rendre en Afghanistan plutôt qu'en Irak.

Mardi, trois membres des troupes de l'OTAN ont été tués par une bombe en bordure de route dans l'est du pays. Dans le sud, deux explosions distinctes ont causé la mort de 16 civils afghans, lundi et mardi, ont indiqué les autorités.