Les talibans devraient tenter de nouvelles offensives avant l'hiver en Afghanistan, a jugé mercredi le ministre afghan de la Défense, en réitérant ses appels à une force conjointe entre Kaboul, Islamabad et la coalition à la frontière afghano-pakistanaise.

Parallèlement, devant l'Assemblée générale de l'ONU à New York, le président afghan Hamid Karzaï a pressé la communauté internationale de «redoubler d'efforts» pour aider à mettre sur pied des forces de sécurité afghanes capables d'assumer plus de responsabilités dans la lutte anti-terroriste.

   «Je pense que nous avons connu le pire des combats cette année», mais «nous devons nous attendre à un nouvel effort de l'ennemi avant l'hiver», a déclaré à Washington le ministre afghan Abdul Rahim Wardak, lors d'une intervention au centre de réflexion Heritage Foundation.

   «Il y a plus de talibans et de combattants étrangers en Afghanistan qu'au cours de ces dernières années, ils opèrent dans plus de provinces qu'avant», a-t-il souligné.

   En outre, «nous combattons désormais un ennemi beaucoup plus fort et sophistiqué», a-t-il affirmé, en évoquant «un meilleur entraînement, plus de ressources et d'équipements, de nouvelles tactiques...».

   «Mettre en échec un tel ennemi exige une réponse stratégique globale», a plaidé le général Wardak, en répétant son souhait de créer une force conjointe entre l'Afghanistan, le Pakistan et la coalition pour lutter contre les talibans, réfugiés selon Washington et Kaboul dans les zones tribales à la frontière afghano-pakistanaise.

   «Cette coopération pratique à la frontière inclurait le renforcement des liens de routine entre nos armées, les équipes de sécurité à la frontière et la police», a-t-il suggéré.

   Ce projet n'en est toutefois qu'à «un stade initial» et «cela va prendre du temps», a-t-il concédé.

   Cette force conjointe «permettrait aux parties d'inspecter des deux côtés (de la frontière) et cela éliminerait la suspicion actuelle» entre le Pakistan d'un côté, et Kaboul et Washington, a-t-il assuré. «Cela rendrait moins sensible la question de la souveraineté».

   Le premier ministre pakistanais Yousuf Raza Gilani a répété mercredi que son pays ne tolérerait aucune violation de sa souveraineté territoriale, après plusieurs frappes aériennes présumées américaines le long de sa frontière.

   «Nous devons si possible nous attaquer collectivement à la menace venant des zones tribales», et «nous sommes encouragés par les opérations beaucoup plus agressives menées dans ces zones par le Pakistan», a commenté mercredi le porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell.

   «S'ils acceptaient des opérations conjointes, ce serait une bonne chose», a-t-il dit lors d'un point presse.

   Le président afghan, qui devait mercredi rencontrer son homologue pakistanais Asif Ali Zardari à l'ONU, a quant à lui demandé de l'aide supplémentaire pour établir une armée afghane capable d'assumer la sécurité du pays, où sont basés 70 000 soldats étrangers.

   «J'appelle la communauté internationale à redoubler d'efforts pour permettre aux forces de sécurité afghanes, l'armée et la police, de prendre une part plus importante dans la guerre contre le terrorisme et dans la protection de notre peuple», a-t-il déclaré.

   «L'afghanisation des opérations militaires est vitale pour répondre de manière appropriée au problème des victimes civiles», a-t-il ajouté, alors que les forces américaines et celles de l'OTAN sont régulièrement accusées de bavures meurtrières touchant les civils afghans.