(Varsovie) L’ambassadeur de Russie en Pologne a ignoré lundi la convocation officielle suite à la violation par un missile russe de l’espace aérien polonais, jugeant « absurde » d’en discuter faute de « preuves ».  

L’armée polonaise a indiqué dimanche qu’un missile de croisière russe lancé contre des villes situées dans l’ouest de l’Ukraine avait violé l’espace aérien polonais pendant 39 secondes, soulignant que le projectile a été observé par les radars militaires pendant toute la durée du vol.

Selon l’armée polonaise, le missile volait à une vitesse de presque 800 kilomètres par heure à la hauteur de 400 mètres et est entré dans le territoire polonais à environ deux kilomètres de profondeur.

Mais lundi, l’ambassadeur russe « Sergueï Andreïev ne s’est pas présenté […] au siège du ministère des Affaires étrangères pour s’expliquer sur l’incident du missile de croisière russe qui a violé l’espace aérien polonais le 24 mars », a annoncé à la presse Pawel Wronski, le porte-parole du ministère.

« Nous nous demandons si l’ambassadeur suit [ainsi] les instructions du ministère des Affaires étrangères à Moscou et s’il est en mesure de représenter correctement les intérêts de la Fédération de Russie à Varsovie », a déclaré M. Wronski, soulignant que la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques précise clairement les devoirs d’un ambassadeur dans un pays hôte.

Et d’assurer que la note diplomatique exigeant ces explications « sera transmise au ministère russe des Affaires étrangères par une autre voie ».

La Pologne a ensuite indiqué que le ministre des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski avait discuté avec le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg de l’incursion du missile.

M. Sikorski a souligné lors de l’entretien que l’incident était une nouvelle preuve que la Russie, « qui poursuit son agression injustifiée et brutale contre l’Ukraine, menace également la sécurité des États membres de l’OTAN », selon un communiqué de son ministère.

Interrogé sur les raisons de son absence à la convocation, M. Andreïev a indiqué à l’agence d’État russe Ria Novosti qu’il n’avait « pas reçu de réponse claire » à sa question de savoir si la Pologne « avait l’intention de nous fournir des preuves de ces allégations ».  

« J’ai estimé qu’il était absurde de discuter de ce sujet sans que des preuves soient fournies et j’ai refusé de me rendre au ministère polonais des Affaires étrangères », a-t-il expliqué.

Selon lui, Moscou attendait toujours des preuves polonaises concernant « le fait qu’un prétendu missile de croisière russe a pénétré dans l’espace aérien polonais le 29 décembre de l’année dernière ».  

La Pologne avait signalé en décembre qu’un missile russe avait pénétré dans son espace aérien avant de le quitter quelques minutes après, en direction de l’Ukraine.

Un an plus tôt, en décembre 2022, un autre missile de croisière russe KH-55, capable de transporter des têtes nucléaires, était tombé en Pologne, mais ses restes n’avaient été retrouvés qu’en avril 2023 par un passant dans une forêt près de Bydgoszcz, dans le nord, à environ 500 km de la frontière orientale de ce pays membre de l’OTAN.

Interrogé sur les déclarations de l’ambassadeur russe, Varsovie a dit n’avoir rien à ajouter.

« Veuillez noter que l’annonce portait sur la Convention de Vienne et les devoirs de l’ambassadeur, et non sur ce qu’il reconnaît ou ne reconnaît pas », a simplement dit M. Wronski à l’agence polonaise PAP.

La Pologne est un ferme soutien de l’Ukraine voisine depuis l’invasion russe déclenchée fin février 2022 et n’a de cesse d’exhorter les Occidentaux à fournir munitions et équipements à Kyiv.  

La diplomatie américaine a réitéré lundi son soutien, via l’OTAN à la Pologne. « Notre engagement envers l’OTAN et la sécurité de nos alliés de l’OTAN, qui bien sûr inclut la Pologne, est inébranlable et ne va pas faiblir », a déclaré à la presse le porte-parole du département d’État Matthew Miller.