(Moscou) La Russie a dit jeudi avoir repoussé un groupe de « saboteurs » ukrainiens qui tentaient de s’infiltrer sur son territoire via la région frontalière de Briansk, où un pilote ukrainien avait déjà été arrêté la veille.

« Le département des gardes-frontières du service fédéral de sécurité de Russie dans la région de Briansk a déjoué une tentative d’entrée sur le territoire russe d’un groupe de reconnaissance et de sabotage ukrainien de 20 hommes près du village de Sloutchovsk », a déclaré sur Telegram le gouverneur de la région, Alexandre Bogomaz.

« Des unités des forces armées russes ainsi que des unités des forces des gardes-frontières ont ouvert le feu sur l’ennemi », a-t-il ajouté.

L’incident a plus tard été confirmé par le ministère russe de la Défense, qui a pour sa part évoqué un groupe de 15 personnes.

« Au cours de l’affrontement, l’ennemi a été vaincu par des tirs d’artillerie […] Le groupe de sabotage s’est dispersé et, après avoir subi des pertes, s’est replié sur le territoire ukrainien. Il n’y a pas eu de victimes parmi les militaires russes », a-t-il affirmé dans son rapport quotidien.

Un groupe d’ultranationalistes russes, combattant aux côtés de l’Ukraine, nommé le « Corps des volontaires russes », a revendiqué cette incursion dans une vidéo dont l’authenticité n’a pas pu être confirmée.

Sur ces images diffusées sur leur compte Telegram, on voit un homme armé, en treillis, remettant des tracts à un habitant de la région et plusieurs hommes tirer au lance-roquettes portatif sur une cible hors champ.

Le patron du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, en conflit avec la hiérarchie militaire, a appelé les « bureaucrates à se rassembler et assurer la sécurité des personnes dans les zones frontalières » et les « gens à le faire eux-mêmes et à organiser des escouades ».

« Assurer la sécurité »

Les autorités russes ont signalé ces dernières semaines plusieurs tentatives d’incursion de « saboteurs » en provenance d’Ukraine dans les régions frontalières, qui sont aussi régulièrement visées par des bombardements d’artillerie ou des attaques de drones.

Mercredi, les services de sécurité russes (FSB) ont annoncé avoir arrêté un pilote ukrainien dont le petit avion s’était écrasé près d’un village de la région de Briansk.

Début mars, les autorités russes avaient mentionné une autre incursion dans la région de Briansk d’un groupe arrivé d’Ukraine qui a, selon le FSB, ouvert le feu sur une voiture, tuant deux civils et blessant un enfant.

Cette incursion avait déjà été elle aussi revendiquée par le « Corps des volontaires russes ».

Le président Vladimir Poutine a ordonné jeudi aux forces russes de « faire tout ce qui est en leur pouvoir pour assurer la sécurité de la population » tant en Russie que dans les territoires ukrainiens sous le contrôle de la Russie, où plusieurs responsables prorusses ont été assassinés ces derniers mois.

L’Ukraine ne reconnaît pas officiellement d’opérations de « sabotage » sur le territoire russe. Kyiv a notamment démenti tout lien avec l’attentat qui a endommagé le pont de Crimée l’automne dernier et avec l’assassinat d’un blogueur militaire russe dimanche à Saint-Pétersbourg.

Début mars, des centaines de personnes avaient cependant assisté à Kyiv aux funérailles de combattants d’un bataillon de volontaires agissant de leur propre chef et tués pendant une mission de « sabotage » en Russie.

Le Kremlin exclut une médiation de la Chine

Le Kremlin a exclu jeudi la possibilité d’une médiation chinoise pour stopper les combats en Ukraine, estimant que la Russie, qui a connu une multitude de revers militaires, n’avait d’autre choix que de continuer son assaut.

« Bien sûr que la Chine dispose d’un potentiel formidable et efficace s’agissant de ses services de médiation », a estimé auprès de la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

« Mais la situation avec l’Ukraine est complexe, il n’y a pas de perspective de règlement politique. Et, pour le moment, nous n’avons pas d’autre solution que de continuer l’opération militaire spéciale », a-t-il ajouté, utilisant l’euphémisme des autorités russes pour décrire l’offensive en Ukraine.  

PHOTO LIBKOS, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

« Mais la situation avec l’Ukraine est complexe, il n’y a pas de perspective de règlement politique. Et, pour le moment, nous n’avons pas d’autre solution que de continuer l’opération militaire spéciale », a ajouté le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

M. Peskov était interrogé sur l’éventualité d’une médiation chinoise, après que le président français Emmanuel Macron a dit à Pékin compter sur son homologue chinois Xi Jinping, proche de Vladimir Poutine, pour « ramener la Russie à la raison ».

Lors d’un sommet à Moscou en mars, MM. Poutine et Xi ont affiché leur bonne entente, se posant comme des alliés stratégiques déterminés à résister à un hégémonisme américain.

La Chine a esquissé de son côté les débuts d’un plan de paix ukrainien, mais celui-ci reste très vague et très théorique, Pékin insistant sur des principes contradictoires, comme le respect de l’intégrité territoriale des États, et donc de l’Ukraine, et la défense des intérêts diplomatiques et sécuritaires de la Russie.

Si Pékin se dit officiellement neutre, M. Xi n’a jamais condamné l’offensive russe et n’a jamais parlé au président ukrainien Volodymyr Zelensky.

L’Ukraine a martelé à maintes reprises que la paix passe par le retrait des forces russes de tout son territoire. Moscou, de son côté, veut au minimum que Kyiv renonce aux cinq régions dont M. Poutine a revendiqué l’annexion.

Le président russe Vladimir Poutine s’est de son côté entretenu jeudi au Kremlin avec les dirigeants installés par la Russie dans quatre régions ukrainiennes dont elle a revendiqué l’annexion en 2022.

M. Poutine a assuré que l’objectif de l’armée russe était de repousser les Ukrainiens « à une distance telle qu’ils ne pourront pas nous infliger de dégâts », malgré une ligne de front qui est restée très largement figée depuis l’automne dernier.

Lors de ces quatre courtes rencontres télévisées, Vladimir Poutine s’est appliqué à traiter les dirigeants d’occupation comme lors de ses traditionnelles réunions avec les gouverneurs des régions russes.

Ils ont ainsi évoqué les allocations sociales pour les familles nombreuses, l’état des routes après les chutes de neige ou encore le manque d’installations de stockage de légumes, sans dire mot des combats qui font encore rage.