(La Haye) La police néerlandaise a annoncé vendredi enquêter sur la projection d’un message laser sur la maison d’Anne Frank à Amsterdam, un acte « antisémite » inacceptable selon le musée et le premier ministre.

Le message faisait référence à une théorie conspirationniste d’extrême droite selon laquelle la jeune victime de la Shoah n’était pas l’auteure du fameux Journal, selon des images de la projection diffusées sur un compte américain privé du réseau social Telegram.

« Ça s’est produit cette semaine, on nous l’a signalé et nous sommes en train d’enquêter dessus », a dit à l’AFP un porte-parole de la police amstellodamoise, refusant de fournir des détails.

Le musée de la Maison d’Anne Frank, qui gère le bâtiment visité par environ un million de visiteurs par an, a exprimé « choc et révulsion ». Il a déclaré à l’AFP avoir « signalé l’incident à la police » et être en contact avec le conseil municipal et le parquet.

Il a précisé que le message laser était, écorchant le prénom de l’écrivaine : « Ann Frank, inventrice du stylo à bille », allusion aux fausses affirmations selon lesquelles le fameux journal avait été en partie écrit avec un type de stylo qui n’a commencé à être utilisé qu’après-guerre.

Cette théorie est fondée sur la découverte de plusieurs feuilles recouvertes d’écrits au stylo à bille retrouvées parmi les papiers d’Anne Frank dans les années 1980, mais qui ont en fait été laissées là accidentellement par un chercheur dans les années 1960, ont indiqué les médias néerlandais.

Le musée a raconté avoir découvert que le message avait été projeté sur sa façade pendant plusieurs minutes lundi soir après l’apparition d’une « vidéo haineuse » sur Telegram.

« Avec la projection et la vidéo, les auteurs attaquent l’authenticité du journal d’Anne Frank et incitent à la haine. Il s’agit d’un film antisémite et raciste », a déclaré le musée.

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Journal de Anne Frank

« Il n’y a pas de place pour l’antisémitisme dans notre pays ; nous ne pouvons et ne devons jamais accepter cela », a affirmé sur Twitter le premier ministre néerlandais Mark Rutte.

L’incident démontre la nécessité de lois criminalisant la négation de l’Holocauste aux Pays-Bas, a ajouté dans un tweet la ministre de la Justice, Dilan Yesilgoz-Zegerius.

La maire d’Amsterdam, Femke Halsema, a condamné l’acte, le qualifiant de « pur antisémitisme ».

L’adolescente juive et sa famille se sont cachées pendant deux ans dans une annexe secrète de la maison au bord d’un canal durant l’occupation nazie des Pays-Bas pendant la Seconde Guerre mondiale, avant d’être capturées en 1944.

Anne et sa sœur sont mortes au camp de concentration de Bergen-Belsen en 1945. Son journal, retrouvé par son père Otto, est devenu l’un des récits les plus marquants de l’Holocauste, et s’est vendu à quelque 30 millions d’exemplaires.

En janvier, la police néerlandaise a déclaré qu’elle enquêtait sur la projection de slogans racistes sur le pont Erasmus de Rotterdam pendant les festivités du Nouvel An.