(Dublin) Le gouvernement britannique a indiqué jeudi qu’il se laisserait du temps avant de convoquer des élections en Irlande du Nord face au blocage politique lié aux dispositions post-Brexit dans la province britannique, malgré l’expiration d’une échéance jeudi soir.

Les institutions nord-irlandaises sont à l’arrêt depuis près d’un an, en raison du boycottage des unionistes du DUP, qui dénoncent dans les contrôles post-Brexit sur les marchandises en provenance de Grande-Bretagne une menace sur la place de la province au sein du Royaume-Uni.

La persistance du blocage au-delà de jeudi soir à minuit doit en principe conduire à de nouvelles élections, après qu’une prolongation a déjà été mise en œuvre par Londres.

« Si aucun exécutif n’est formé aujourd’hui, je serai dans l’obligation légale d’organiser des élections […] dans les 12 prochaines semaines », a tweeté le ministre britannique chargé de l’Irlande du Nord, Chris Heaton-Harris.

Il a ajouté qu’il utiliserait « les semaines qui viennent pour examiner attentivement toutes les options » et « continuerai[t] à discuter avec tous les partis intéressés avant toute décision ».

Les unionistes du DUP conditionnent leur participation aux instituons locales – où les pouvoirs doivent être partagés entre le DUP et le parti nationaliste Sinn Fein, arrivé en tête lors des dernières élections – à une profonde modification du protocole nord-irlandais, qui introduit les contrôles post-Brexit.

Attendre avant de convoquer des élections permettrait d’accorder du temps à Londres et Bruxelles pour aboutir dans leurs négociations en cours au sujet du protocole.

« Pas de temps à perdre »

« Si nous arrivons à résoudre un problème, on pourra peut-être en résoudre un autre », a souligné Chris Heaton-Harris lors d’une conférence de presse après une conférence irlando-britannique à Dublin.

Le ministre irlandais des Affaires étrangères Micheal Martin a quant à lui insisté sur « l’obligation impérieuse » qui incombe au DUP de « remplir le mandat du peuple nord-irlandais » et de retourner à Stormont, siège des institutions locales à Belfast.

Le protocole nord-irlandais, négocié au moment du Brexit, maintient de fait la province – qui dispose de la seule frontière terrestre britannique avec l’UE – dans le marché unique européen.

Le texte vise à la fois à préserver l’accord de paix de 1998 qui a mis fin à trois décennies de conflit sanglant, en évitant le retour d’une frontière dure, et à protéger l’intégrité du marché unique européen.

« Le DUP se cache derrière le protocole. Je pense qu’il s’agit surtout du résultat des élections de mai […] et qu’ils ne veulent pas travailler au côté d’un premier ministre républicain », a estimé Michelle O’Neill, la cheffe du Sinn Fein nord-irlandais appelée à devenir la première ministre de la province, lors d’une rencontre avec la presse étrangère à Londres.

En visite à Washington mercredi, le ministre britannique des Affaires étrangères James Cleverly a estimé voir des « améliorations » dans les discussions avec Bruxelles.

« Notre message à tout le monde c’est : terminez le travail. Il y a un accord à conclure et il n’y a pas de temps à perdre », a pressé Mary Lou McDonald, députée de la République d’Irlande et présidente du Sinn Fein.