(Moscou) Au moins deux personnes ont été tuées lundi dans une frappe russe ayant touché un marché dans le village de Chevtchenkové, dans le nord-est de l’Ukraine, ont indiqué les autorités locales, tandis que les combats se poursuivaient dans l’Est.

« Six personnes ont été blessées dans une attaque à la roquette sur Chevtchenkové. Deux autres sont mortes », a indiqué sur Telegram Oleg Synegoubov, gouverneur de la région de Kharkiv, publiant des photos de pompiers dans des gravats et d’étals en feu.

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Des secouristes sur le site du bombardement à Chevtchenkové.

À Kherson, dans le Sud, le gouverneur Iaroslav Ianouchevitch a rapporté un mort et un blessé dans un bombardement russe qui a touché un quartier résidentiel.

Dans l’Est, les troupes russes ont mené un « bombardement massif » sur Kourakhivka, qui a fait au moins deux blessés et endommagé une vingtaine de maisons, selon le gouverneur Pavlo Kyrylenko.

Selon la présidence ukrainienne, deux personnes sont mortes et dix ont été blessées au cours des dernières 24 heures dans tout le pays.

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Vue sur un bâtiment de Siversk, dans la province de Donetsk, détruit par une frappe russe

L’armée ukrainienne a de son côté confirmé que Bakhmout, ville de l’est de l’Ukraine, restait le « point le plus chaud du front », où des « combats acharnés ont lieu ».

« L’ennemi y a concentré le maximum de forces prêtes au combat, y compris les unités de Wagner », groupe paramilitaire dont les mercenaires combattent aux côtés des troupes russes, a indiqué Serguiï Tcherevaty, porte-parole du commandement oriental de l’armée.

Dimanche, la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar, avait aussi rapporté une situation « très difficile » à Soledar, à 15 kilomètres au nord-est de Bakhmout.

Selon le renseignement ukrainien, la Russie se prépare à lancer de nouvelles attaques sur le système énergétique du pays, alors que les températures ont chuté.

Ces combats interviennent après un cessez-le-feu unilatéral de 36 heures décrété par le président russe, Vladimir Poutine, à l’occasion du Noël orthodoxe vendredi et samedi. Les hostilités avaient toutefois continué lors de cette trêve, mais d’une intensité moindre.

« Des assauts violents » à Soledar

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a indiqué lundi que ses troupes résistaient à « de nouveaux assauts, encore plus violents » à Soledar, près de Bakhmout, ville de l’est de l’Ukraine dont Moscou tente depuis des mois de s’emparer.

« Je remercie tous nos soldats qui protègent Bakhmout […] et les combattants à Soledar, qui résistent à de nouveaux assauts, encore plus violents, des envahisseurs », a lancé le président Zelensky dans son message quotidien.

Soledar, dans la région de Donetsk, est à quelque 15 kilomètres de Bakhmout, ville qui comptait environ 70 000 habitants avant le début de l’offensive russe en février dernier, et qui est désormais l’épicentre des combats.

« Grâce à la résistance de nos soldats là-bas, à Soledar, nous avons gagné du temps supplémentaire et [préservé] des forces pour l’Ukraine », s’est félicité M. Zelensky.

« Tout est complètement détruit […] Tout le territoire de Soledar est couvert de cadavres des envahisseurs et porte les cicatrices des explosions. C’est à quoi ressemble la folie », a ajouté le président ukrainien.

Plus tôt dans la journée, les forces armées ukrainiennes avaient déclaré avoir repoussé une tentative de prise de Soledar, puis que les combats avaient repris.

« Après une tentative infructueuse de l’ennemi de capturer Soledar, (… les Russes) se sont regroupés, ont récupéré des effectifs, transféré des unités d’assaut supplémentaires, changé de tactique et lancé des assauts », a déclaré la vice-ministre de la Défense, Ganna Malyar, sur la messagerie Telegram.

« Actuellement, l’ennemi a déployé un grand nombre d’unités d’assaut formées des meilleures réserves du groupe Wagner. Ils marchent littéralement sur les cadavres de leurs propres soldats », a-t-elle ajouté.

Dans un communiqué, le chef du groupe Wagner, Evguéni Prigojine, a affirmé de son côté que l’assaut sur Soledar était « exclusivement » mené par des membres de son organisation.

Plus tôt encore, les séparatistes prorusses de la région de Donetsk avaient affirmé avoir pris le contrôle du village de Bakhmoutské, à quelques kilomètres de Soledar.

En septembre, Moscou avait annoncé avoir annexé quatre territoires ukrainiens dans l’est, dont la région de Donetsk, à la suite de référendums non reconnus par Kyiv et les pays occidentaux.

« Prolonger les souffrances »

Les livraisons à l’Ukraine de blindés d’infanterie et d’autres armes annoncées la semaine dernière par plusieurs pays occidentaux ne feront que « prolonger les souffrances » des Ukrainiens et ne « changeront pas » l’équilibre des forces, a affirmé lundi le Kremlin.

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« Fondamentalement, ces livraisons ne peuvent pas et ne vont pas changer quoi que ce soit […] Ces livraisons ne peuvent que prolonger les souffrances du peuple ukrainien », a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

« L’Europe, l’OTAN et les États-Unis ont déjà injecté des dizaines de milliards de dollars en Ukraine et dans les livraisons d’armes », a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

« Fondamentalement, ces livraisons ne peuvent pas et ne vont pas changer quoi que ce soit […] Ces livraisons ne peuvent que prolonger les souffrances du peuple ukrainien », a-t-il ajouté.

La semaine dernière, les États-Unis ont annoncé une nouvelle aide militaire majeure à l’Ukraine évaluée à plus de 3 milliards de dollars, avec notamment 50 blindés d’infanterie de type Bradley et des dizaines d’autres véhicules blindés.

Berlin, de son côté, a dit vouloir envoyer à l’armée ukrainienne 40 blindés « Marder », des blindés légers destinés au transport de troupes, au premier trimestre 2023, ainsi qu’une batterie de défense antiaérienne Patriot.

Et la France a indiqué envoyer un nombre non précisé de chars de combat légers AMX-10 RC.

Depuis le début de l’offensive russe contre l’Ukraine, en février 2022, les pays occidentaux soutiennent Kyiv en lui apportant un soutien financier et militaire, avec notamment des livraisons de canons.

Les autorités ukrainiennes réclament des chars lourds susceptibles d’être utilisés dans des phases d’assaut, mais ses alliés s’y sont refusés jusque-là, craignant de provoquer une escalade avec Moscou.