(Bruxelles) Le Kosovo et la Serbie ont convenu mercredi des mesures à prendre pour apaiser les tensions sur les plaques minéralogiques, a annoncé le chef de la diplomatie de l’Union européenne Joseph Borell.

« Je suis ravi d’annoncer que les négociateurs [kosovar et serbe] ont convenu, sous l’égide de l’UE, des mesures pour éviter une nouvelle escalade », a tweeté Joseph Borell.

La Serbie et le Kosovo vont se pencher désormais sur la proposition de l’UE concernant les moyens de normaliser leurs relations, a-t-il précisé.

Le différend concerne quelque 10 000 membres de la minorité serbe du Kosovo dont les véhicules sont munis de plaques émises par la Serbie.

Le premier ministre kosovar Albin Kurti a décrété qu’elles devaient être remplacées par étapes d’ici à avril par des plaques de la République du Kosovo et entendait imposer des amendes de 150 euros aux contrevenants.

Soumis à d’intenses pressions internationales et accusé par l’UE d’être responsable du blocage, Albin Kurti a annoncé dans la nuit de lundi à mardi avoir reporté de 48 heures à la demande de Washington cette décision.

« La Serbie va cesser de délivrer des plaques d’immatriculation serbes portant des dénominations de villes kosovares et le Kosovo va cesser toute activité pour les remplacer », a ajouté Joseph Borrell, précisant qu’il inviterait « dans les prochains jours les deux parties pour examiner les pas à venir ».

L’accord intervient après l’échec des négociations de lundi entre le président serbe Aleksandar Vucic et M. Kurti.

Mercredi après-midi, plusieurs centaines de femmes serbes ont manifesté à Mitrovica, ville ethniquement divisée du nord du Kosovo, pour dénoncer les décisions du gouvernement de Pristina, notamment sur les plaques minéralogiques, vues comme une « ghettoïsation » de la minorité serbe.

PHOTO BOJAN SLAVKOVIC, ASSOCIATED PRESS

La ville de Mitrovica est restée divisée entre le nord en majorité serbe et le sud en majorité albanaise après la guerre entre forces serbes et rebelles albanais (1998-99).

Démissions en masse

Les manifestantes ont à ce propos accusé Albin Kurti de faire régner la « terreur » et d’infliger un « traitement inhumain », et ont défilé dans les rues du nord de Mitrovica.

Certaines brandissaient des pancartes sur lesquelles il était écrit « des femmes unies pour libérer le ghetto » et « ce n’est pas un caprice, je veux la paix ».

« Notre but est de procurer la paix, la liberté et une enfance paisible à nos enfants », a déclaré aux manifestantes Gordana Savic, l’infirmière en chef de l’hôpital de Mitrovica.

Le différend sur les plaques a provoqué l’ire des Serbes du Kosovo qui ont démissionné en masse des institutions kosovares. Des centaines de policiers, juges, procureurs et autres fonctionnaires ont quitté leur poste, provoquant un effondrement de l’État de droit qui fait redouter un redoublement des tensions.

La ville de Mitrovica est restée divisée entre le nord en majorité serbe et le sud en majorité albanaise après la guerre entre forces serbes et rebelles albanais (1998-99).

Belgrade refuse de reconnaître l’indépendance proclamée en 2008 par le Kosovo. La minorité serbe du Kosovo, qui compte au total environ 120 000 membres, refuse sa loyauté à Pristina avec les encouragements de Belgrade.