(Varsovie) Sourires et fleurs des habitants, mines posées par les Russes : des soldats ukrainiens avançant sur Kherson, grande ville du Sud évacuée par les forces de Moscou, ont raconté vendredi à l’AFP leur parcours à haut risque et leur soulagement.  

« Nous voyons des visages avenants, souriants, des fleurs, des serviettes brodées avec lesquelles on accueille nos véhicules », a raconté à l’AFP Andriï Jolob, commandant d’une unité médicale qui se trouve actuellement à une cinquantaine de kilomètres de Kherson, joint par téléphone depuis Varsovie.

« Nous voyons des enfants qui courent à notre rencontre et nous saluent », poursuit cet engagé originaire de Lviv (ouest), qui travaillait comme orthopédiste avant le début de l’invasion russe en février.

L’armée ukrainienne a annoncé, neuf mois après la prise de sa capitale régionale du sud du pays, être entrée vendredi dans Kherson après le retrait des forces russes.

PHOTO LEO CORREA, ASSOCIATED PRESS

Un militaire ukrainien examine les effets personnels de soldats russes laissés dans des tranchées.

Dans cette région, « il y a probablement un certain nombre de locaux » qui regrettent le départ des Russes, estime M. Jolob, qui se dit soulagé de ne pas les avoir rencontrés sur sa route.

Un autre soldat ukrainien qui vient d’entrer dans la ville de Kherson a partagé avec l’AFP des vidéos qu’il a enregistrées à l’approche de cette localité. Sur une d’elles, on peut voir une jeune femme dans la campagne crier « Gloire à l’Ukraine ! » et envoyer des baisers en direction de la voiture de militaires.  

Sur une autre vidéo, de dizaines de civils accueillent la voiture avec des applaudissements et des bouquets, aux cris de « Nos sauveteurs ! », près d’un arrêt de bus sur lequel flotte le drapeau national bleu et jaune.  

Joie et méfiance

« C’est partout comme ça », assure ce militaire dont l’AFP ne dévoile pas l’identité pour des raisons de sécurité.  

« Il y a beaucoup d’affection […] nous avançons vers la victoire, en direction du fleuve Dniepr, vers la ville de Kherson », assure M. Jolob, dont la brigade, après avoir campé sur ses positions pendant plusieurs mois, a commencé à avancer sur Kherson la semaine passée, d’abord lentement, avant d’accélérer en moins de 48 h.

Après quatre mois sur le front Sud, le succès rapide de son armée l’a pris au dépourvu. « Notre ennemi est habile et dangereux. Cette avancée qu’on voit maintenant et la fuite des occupants vers le Dniepr, c’était vraiment une surprise pour chacun de nous », commente Andriï Jolob

Ces derniers mois, « c’était la guerre de positions, avec des assauts, des duels d’artillerie. C’était vraiment dur, sanglant, avec beaucoup de pertes et très épuisant », ajoute-t-il.

Sur l’état des destructions, il dit voir « beaucoup d’armements de l’occupant brûlés, beaucoup de matériel agricole local détruit et marqué avec des signes Z », ainsi que des habitations laminées par les combats.

S’il éprouve de la « joie », il ménage ses attentes et reste « méfiant », comme ne cessent de le recommander les autorités ukrainiennes, qui redoutent un repli piégé des forces russes.

Le danger omniprésent est, selon lui, celui des mines posées par les Russes avant leur départ et des munitions non explosées, qui peuvent se déclencher à tout moment.