(Banja Luka) Le chef politique des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik, a rassemblé mardi soir à Banja Luka (nord-ouest) des dizaines de milliers de personnes pour une démonstration de force face à la Commission électorale qui recompte les voix des récentes élections contestées par l’opposition.

La Commission électorale centrale (CIK) a ordonné le 10 octobre le recomptage des voix pour le poste de président de la Republika Srpska (RS), l’entité des Serbes de Bosnie, au moment où les résultats préliminaires étaient quasiment complets et alors que Milorad Dodik avait 48 % des suffrages, contre 43 % pour la candidate de l’opposition Jelena Trivic.

Les partis de l’opposition en Republika Srpska ont crié à la « fraude » dès le lendemain du scrutin. Ils accusent Milorad Dodik et son parti de « pillage organisé des élections ».

Ce scrutin s’est déroulé dans le cadre des élections générales organisées le 2 octobre dans le pays balkanique de 3,5 millions d’habitants, divisé selon les lignes de fractures ethniques en deux entités, une serbe et l’autre croato-musulmane.

« Je suis là ce soir pour vous dire que Milorad Dodik ne part nulle part. Milorad Dodik sera très prochainement au palais présidentiel », a lancé M. Dodik à la foule rassemblée sur la place centrale de Banja Luka, chef-lieu de l’entité serbe.

« Tant que le peuple dit que je dois être là, je serai là et je ne vais jamais essayer d’y être contre la volonté du peuple », a ajouté celui qui rejette les accusations de l’opposition.

Ses dirigeants affirment de leur côté que leurs observateurs ont noté des « irrégularités » dans 80 % des bureaux de vote.

L’opposition réclame l’organisation d’un nouveau scrutin, ce que Milorad Dodik risque de refuser.

M. Dodik, qui est depuis 2018 membre serbe à la présidence tripartite de Bosnie, a été soutenu au rassemblement notamment par le célèbre cinéaste serbe Emir Kusturica, un de ses conseillers. Ce dernier a mis en garde contre « une tentative de coup d’État » visant la Republika Srpska.

La CIK devrait finir le recomptage cette semaine et annoncer une décision. Son président, Suad Arnautovic, a fait état samedi d’« un nombre énorme de violations de la loi électorale » et aussi de « pressions sans précédent subies par la Commission électorale ».

Les principaux partis ethnonationalistes serbes (orthodoxes), bosniaques (musulmans) et croates (catholiques) sont sortis vainqueurs des élections générales, selon les résultats préliminaires complets publiés samedi pour les autres niveaux de pouvoir.