(Glasgow, Écosse) Dans une salle de toilettes du Musée d’art moderne de Glasgow, au centre de la plus importante ville d’Écosse, un vide-poches en tissu est installé au mur. Dans les pochettes colorées, des tampons et serviettes hygiéniques sont mis à la disposition des utilisatrices, qui peuvent se servir gratuitement.

Il y a maintenant 109 de ces « points de services menstruels » à Glasgow, dans les toilettes des édifices publics (hôtels de ville, bibliothèques, centres communautaires et sportifs, piscines, etc.) et de plusieurs organismes qui viennent en aide aux sans-abri. Des protections menstruelles sont aussi offertes dans les écoles, collèges et universités depuis 2017.

PHOTO ISABELLE DUCAS, LA PRESSE

Protections menstruelles offertes gratuitement dans les toilettes du Musée d’art moderne de Glasgow

« Les produits sont accessibles, personne n’a de permission à demander à qui que ce soit. Vous pouvez en prendre un seul, ou prendre ce dont vous avez besoin pour tout un mois », explique Lauren Heaney, coordonnatrice de ces points de services pour l’organisme d’aide aux sans-abri Simon Community, qui parle de « dignité menstruelle » lorsqu’elle décrit le projet.

Pour le ravitaillement, Lauren Heaney a recruté 54 bénévoles qui sont chargés de s’assurer que les points de service sont toujours bien garnis.

« Avec le temps, ils savent combien de produits sont nécessaires, selon la démographie et la fréquentation du lieu », dit-elle.

Avec l’aide du conseil local, Simon Community a lancé les premiers points de service menstruel en 2017, dans le but d’aider d’abord les femmes itinérantes.

Livraisons à domicile

Le mois dernier, la gratuité des protections menstruelles s’est étendue à toute l’Écosse, grâce à une loi promulguée par le Parlement. Les conseils locaux et les conseils scolaires ont maintenant l’obligation de s’assurer que les produits sont offerts partout, pour tous.

Les femmes écossaises peuvent télécharger l’application Pickupmyperiod pour localiser les endroits où tampons et serviettes hygiéniques sont offerts. Hors des villes, elles peuvent commander ces produits en ligne et les recevoir à domicile.

« Cette loi corrige une injustice historique liée au genre », explique la députée travailliste Monica Lennon, qui a fait de la gratuité des produits menstruels son cheval de bataille dès qu’elle a été élue au Parlement écossais en 2016.

PHOTO TIRÉE DU SITE INTERNET DE MONICA LENNON

Monica Lennon, députée travailliste

Les règles sont normales dans la vie des femmes, alors pourquoi devraient-elles avoir à payer une prime pour les protections menstruelles ? Ce ne sont pas toutes les femmes qui peuvent se le permettre. Personne ne devrait avoir à vivre de la pauvreté menstruelle.

Monica Lennon, députée travailliste

Mme Lennon se souvient que son idée semblait radicale lorsqu’elle l’a évoquée pour la première fois en Chambre, mais elle a réussi à convaincre le Parlement d’aller de l’avant en persévérant. « Le gouvernement a fini par réaliser que la population était favorable à une telle mesure », dit-elle.

Le coût annuel de l’opération est estimé à 10 millions de livres sterling (15 millions de dollars canadiens), rapporte Monica Lennon, pour une population totale de 5 millions d’habitants.

Glasgow a été la première ville à nommer une « responsable de la dignité menstruelle » pour superviser la disponibilité des serviettes hygiéniques et des tampons sur son territoire. Au cours du mois d’août, 16 000 protections menstruelles ont été distribuées, indique Lorraine Mohr, qui occupe ce poste depuis février dernier.

« Glasgow a une forte proportion de sa population qui vit sous le seuil de la pauvreté, note Mme Mohr. Une étude a démontré qu’auparavant, 6 % des jeunes filles manquaient l’école parce qu’elles n’avaient pas accès à des protections menstruelles. Depuis qu’elles sont offertes gratuitement dans les écoles, le taux d’absentéisme a beaucoup diminué. »