(Berlin) L’Allemagne a accusé vendredi la Russie de prendre « le monde entier en otage » en utilisant la faim « comme arme de guerre », à l’occasion d’une conférence à Berlin visant à trouver des « solutions » à la crise alimentaire provoquée par la guerre en Ukraine.

Intitulée « S’unir pour la sécurité alimentaire mondiale », cette conférence se tient avant le sommet des dirigeants du G7, organisé en Bavière à partir de dimanche.  

Les ministres de 40 États y participent, dont les États-Unis ou encore des pays durement touchés par la crise, comme le Nigeria, la Tunisie et l’Indonésie.

Moscou utilise la faim « délibérément comme une arme de guerre » et prend « le monde entier en otage », a dénoncé la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock, alertant sur un véritable « tsunami » de la faim risquant de s’abattre sur certains pays.

PHOTO BERND VON JUTRCZENKA, AGENCE FRANCE-PRESSE

La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock

L’invasion russe de l’Ukraine, avec notamment le blocus imposé aux ports de la mer Noire, fait grimper en flèche les prix des denrées alimentaires et a contribué à la flambée mondiale de l’inflation.

La conférence vise à « proposer des solutions », telles que l’accélération des exportations de denrées alimentaires depuis l’Ukraine par des voies alternatives à la mer Noire, a-t-elle expliqué.

Les échanges portent également sur l’augmentation de l’aide aux pays les plus touchés, bien que l’évènement ne soit pas présenté comme une conférence des donateurs.  

La Russie nie pour sa part avoir bloqué le passage des cargos et accuse les sanctions occidentales de contribuer à la crise alimentaire.

Un argument qui ne tient pas, a répliqué le chef de la diplomatie américaine.  

« Depuis le premier jour où nous avons imposé des sanctions contre la Russie pour son invasion de l’Ukraine, nous avons exclu de ces sanctions les produits alimentaires, les engrais et tout ce qui a trait leur acheminement », a répliqué Anthony Blinken lors d’une conférence de presse en soirée.

PHOTO MICHAEL SOHN, ASSOCIATED PRESS

le secrétaire d’État américain, Anthony Blinken

« La Russie a exporté à peu près autant de blé que l’année précédente, le récit russe selon lequel les sanctions du G7 seraient la raison de l’augmentation des prix mondiaux des denrées alimentaires est donc totalement infondé », avait estimé Mme Baerbock plus tôt dans la journée.

Selon la ministre écologiste, la Russie peut « laisser sortir les céréales par Odessa ou arrêter tout simplement cette guerre, mais nous nous creusons la tête pour trouver des routes alternatives », a-t-elle ajouté.

Ces routes alternatives pourraient passer par la Pologne, mais « nous avons le problème du changement de voies [ferroviaires, NDLR], ce qui prend plus de temps », a expliqué Mme Baerbock.

« C’est pourquoi nous avons surtout choisi la route via la Roumanie, car nous pouvons y intensifier la navigation fluviale », a-t-elle enchaîné.

La Turquie tente de son côté de permettre la reprise des livraisons de céréales via la mer Noire. Des pourparlers quadripartites sur les céréales entre Russie, Ukraine, Turquie et Nations unies pourraient se tenir en Turquie « dans les semaines à venir », selon le ministère turc de la Défense.