(Hénin-Beaumont) Marine Le Pen a exhorté dimanche ses troupes à se mobiliser et à « vaincre la malédiction » des élections législatives, qui lui avaient donné peu de députés il y a cinq ans malgré son score à la présidentielle.

« Il est encore temps d’empêcher Macron de disposer de tous les pouvoirs » et de « vaincre la malédiction d’un mode de scrutin injuste, qui maintient en place un système vermoulu », a déclaré la finaliste de la présidentielle lors de son premier rassemblement de campagne des élections législatives, depuis son fief d’Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais.

Aux élections législatives de 2017, qui sont régies par un mode de scrutin majoritaire, la responsable d’extrême-droite n’avait obtenu que huit députés après avoir récolté près de 34 % des voix au second tour de la présidentielle.

Marine Le Pen, qui milite pour un mode de scrutin proportionnel, a réuni cette fois à la présidentielle en mai 41,5 % des voix, un record. Et l’institut IFOP lui donnait mardi entre 20 et 50 sièges à l’Assemblée.

« Non seulement allez voter, mais donnez-moi 100 à 150 députés. Aidez-moi à vous aider », a-t-elle supplié dimanche, devant plusieurs centaines de militants réunis dans une ambiance de kermesse à l’espace François Mitterrand de la ville.

Christian Turek, venu applaudir Marine Le Pen, voit le Rassemblement national (RN) « gagnant » et assure que son parti a « repris du poil de la bête » depuis la présidentielle.

« Malfaisance »

Désireuse de ranimer la flamme de ses militants, la députée sortante a revu ses ambitions à la hausse.

Alors qu’elle refusait au départ d’avancer un chiffre, elle évoque désormais la possibilité d’un groupe, soit au moins 15 députés, voire 60 pour pouvoir saisir le Conseil constitutionnel. Sinon, « ce serait un déni démocratique », selon elle.  

Elle juge même gagnables les quelque 150 circonscriptions où le RN est arrivé premier à la présidentielle et caresse l’espoir d’arriver « en tête » au premier tour des législatives.

Outre le mode de scrutin, la cheffe de file du RN craint plus que d’autres formations l’abstention des classes populaires et des jeunes, au cœur de son électorat, qui lui avait coûté cher aux régionales, alors que 38 % des Français seulement s’intéressent à la campagne selon l'institut de sondage BVA.

Marine Le Pen elle-même a semblé « absente » de la campagne selon le sondeur Brice Teinturier, en partant perdante, considérant comme acquise la victoire du camp d’Emmanuel Macron.

Elle veut surtout devancer l’insoumis Jean-Luc Mélenchon, qui profite de la dynamique générée par son union des gauches (Nupes) pour s’afficher comme le premier opposant, quand elle-même a refusé toute alliance avec son rival Éric Zemmour.

Elle a ainsi attaqué dimanche la « coalition de malfaisance » de M. Mélenchon. « Je dis aux ouvriers français, […] avec Nupes, vous votez pour la république des Traoré », a-t-elle lancé.

Photo OLIVIER CHASSIGNOLE, Agence France-Presse

Jean-Luc Mélenchon, de la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (NUPES)

« Hordes »

Elle s’en est prise aussi au ministre de l’Éducation Pap Ndiaye, hué par la salle, « indigéniste et même racialiste », qui « milite » selon elle pour « la dictature des minorités ».

Et invoqué l’immigration, thème mobilisateur pour son parti, après les ratés organisationnels du stade de France, qu’elle a attribués à des « hordes de mineurs migrants ultraviolents ».

La finaliste de l'élection présidentielle s’était partagée la campagne avec son quasi-dauphin, Jordan Bardella : le nord pour elle, le sud pour lui.

Samedi à Cavaillon (Vaucluse), le président par intérim du RN a appelé « les patriotes » à « ne pas disperser leurs voix » en votant pour les candidats d’Éric Zemmour.

Dans la 2e circonscription, celle de Cavaillon, Reconquête ! a choisi d’aligner face à la RN Bénédicte Auzanot, le très médiatique président des jeunes avec Éric Zemmour, Stanislas Rigault, qui aura pour suppléante de luxe Marion Maréchal, la nièce de Marine Le Pen.

Éric Zemmour, qui a fait 7,07 % à la présidentielle, se présente lui à Saint-Tropez (Var) et aura aussi face à lui un candidat RN.

Marine Le Pen a elle surtout sillonné les Hauts-de-France, sa terre d’élection. Sa réélection dans la 11e circonscription semble tellement « sans enjeu » qu’elle ne débattra pas avec ses opposants sur France 3.

Le RN rêve par ailleurs de décrocher son premier siège en Gironde, du côté de Blaye, et espère aussi des élus dans l’Oise et l’Aisne.