(Paris) Les sondages ne s’étaient pas trompés. Comme attendu, Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont remporté dimanche le premier tour de l’élection présidentielle en France. Les deux candidats s’affronteront de nouveau au second tour, exactement comme en 2017.

Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, Emmanuel Macron récolte 27,6 % des voix (près de 98 % des bulletins de vote comptabilisés au moment de publier), tandis que la cheffe du Rassemblement national couronne sa remontée des dernières semaines avec 23,4 % des voix, un point et demi devant le candidat de gauche Jean-Luc Mélenchon, dont la progression s’est également concrétisée.

Dans un discours donné devant ses partisans, Emmanuel Macron a appelé à fonder, au-delà des « différences », « un grand mouvement politique d’unité et d’action » en vue du second tour de la présidentielle, prévu le 24 avril.

« Dans ce moment décisif pour l’avenir de la nation, plus rien ne doit être comme avant. C’est pourquoi je souhaite tendre la main à tous ceux qui veulent travailler pour la France », a déclaré le président sortant, depuis son QG de soirée électorale.

M. Macron a attaqué frontalement le projet de Marine Le Pen en se posant comme le tenant d’une « Europe forte » et en affirmant défendre le « seul projet pour le pouvoir d’achat », ce dernier thème ayant été particulièrement présent pendant la campagne.

Sa rivale a pour sa part exhorté le peuple à choisir la « grande alternance dont [la] France a besoin », invitant « tous ceux qui n’ont pas voté » pour Emmanuel Macron à la « rejoindre » pour le second tour.

« Ce qui se jouera le 24 avril sera un choix de société et de civilisation », a lancé la candidate anti-immigration, qui s’impose désormais comme la favorite des classes populaires.

Bon troisième avec 22,0 % des voix, l’espoir de la gauche, Jean-Luc Mélenchon, obtient quant à lui un meilleur score qu’en 2017, mais n’est pas parvenu à causer la surprise de se qualifier pour le second tour.

Dans un discours moins ambigu qu’il y a cinq ans, le leader de La France insoumise a clairement appelé ses militants à ne pas voter pour l’extrême droite (« Il ne faut pas donner une seule voix à Mme Le Pen »), sans pour autant les encourager à se rabattre sur Emmanuel Macron.

Les autres candidats arrivent loin derrière avec des résultats sous la barre des 10 %.

Des candidats déçus
  • Éric Zemmour, de Reconquête !

    PHOTO MICHEL EULER, ASSOCIATED PRESS

    Éric Zemmour, de Reconquête !

  • Valerie Pécresse, du parti Les Républicains

    PHOTO GONZALO FUENTES, REUTERS

    Valerie Pécresse, du parti Les Républicains

  • Anne Hidalgo, du Parti socialiste

    PHOTO CHRISTIAN HARTMANN, REUTERS

    Anne Hidalgo, du Parti socialiste

  • Yannick Jadot, du Parti écologiste

    PHOTO MARTIN BUREAU, AGENCE FRANCE-PRESSE

    Yannick Jadot, du Parti écologiste

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Éric Zemmour, du parti Reconquête !, termine en quatrième position avec un décevant 7,1 % des voix, son pire score depuis son entrée en campagne, en décembre dernier.

L’ancien journaliste a appelé ses électeurs à voter pour sa rivale d’extrême droite au deuxième tour. « J’ai bien des désaccords avec Marine Le Pen. Mais il y a face à elle un homme qui a fait entrer deux millions d’immigrés, qui n’a jamais évoqué le thème de l’identité, je ne me tromperai pas d’adversaire », a-t-il déclaré.

Éric Zemmour et Marine Le Pen obtiennent ensemble 31 % des voix, ce qui confirme la poussée de l’extrême droite en France.

La candidate du parti Les Républicains, Valérie Pécresse, conclut quant à elle sa campagne désastreuse avec 4,8 % des voix. Pour la seconde fois en deux élections, la droite traditionnelle ne parvient pas à accéder au second tour, comme le Parti socialiste, dont la candidate Anne Hidalgo obtient un résultat historiquement bas de 1,7 %. Certains évoquent une possible disparition de ces partis en déclin, qui ont longtemps été au centre de la vie politique française.

Résultat décevant aussi pour Yannick Jadot, du Parti écologiste (4,6 %), qui n’a pas su imprimer son discours environnemental dans l’électorat, malgré l’évidence de l’urgence climatique.

Jean Lassalle (Résistons), Fabien Roussel (Parti communiste) et Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) récoltent enfin 3,2 %, 2,3 % et 2,1 % respectivement, alors que les anticapitalistes Philippe Poutou et Nathalie Arthaud plafonnent à moins de 1 %.

Voter utile

Marqué par une abstention plus importante qu’en 2017 (25 % contre 22 %), ce premier tour vient conclure une campagne qualifiée de peu captivante, et par ailleurs très largement bousculée par la guerre en Ukraine, qui a pris en otage le plus gros de l’attention médiatique.

Dans les bureaux de scrutin de la rue Léon-Maurice-Nordmann, dans le 13e arrondissement de Paris, l’intérêt était palpable malgré tout, quelques heures avant le dévoilement des résultats. Des électeurs interrogés se mobilisaient pour « faire barrage », tandis que d’autres venaient « voter utile » (stratégique) ou « voter pour le moins pire », ce qui semble être l’histoire de ce premier round.

« Macron ne me donne pas satisfaction. Mais pour moi, le véritable enjeu, c’est l’élection de Marine Le Pen. Alors je vote Mélenchon, même si je n’adore pas le personnage », a expliqué Julia, sans dévoiler son nom de famille, en se disant « effrayée » par la montée de l’extrême droite.

« Soit on continue pour le même, soit on le remplace. Dans les deux cas, j’ai l’impression qu’on nous berce. Qu’on n’est pas dans le champ de la réalité. Et ça, ça peut mal finir », a ajouté Paul, interrogé quelques minutes plus tard, sans dévoiler son choix.

Une nouvelle campagne débute maintenant pour les deux prochaines semaines.

Il faudra suivre le traditionnel débat télévisé de l’entre-deux tours, prévu le 20 avril, qui pourrait constituer un moment clé de ce deuxième round. En 2017, Emmanuel Macron avait largement dominé le face-à-face en se montrant beaucoup mieux préparé que son adversaire.

Selon les premiers sondages réalisés dimanche, après le premier tour, le président sortant Emmanuel Macron l’emporterait au second tour face à Marine Le Pen, avec un score compris entre 54 % et 51 %, contre 46 % à 49 % pour la candidate RN. Mais une victoire de Mme Le Pen reste techniquement possible.

Avec l’Agence France-Presse

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  • 6,5 %
    Proportion combinée des voix recueillies par Les Républicains et le Parti socialiste, deux formations qui ont longtemps été au centre de la vie politique française
    Source : ministère de l’intéreur de la france
  • 6,5 %
    Proportion combinée des voix recueillies par Les Républicains et le Parti socialiste, deux formations qui ont longtemps été au centre de la vie politique française
    Source : ministère de l’intéreur de la france